Dans le Tarn, les premières réfugiées ukrainiennes sont arrivées en début de semaine. L’une vient de Kiev, avec ses deux petites filles, l’autre habitait à Zaporijia. Après un long périple, elles ont été accueillies par leur tante.
Ses deux nièces sont enfin en sécurité, à Saint-Benoît-de-Carmaux. C’est tout ce qui compte pour Oksana Budka. Lorsque la guerre a éclaté sans son pays d’origine, elle a invité sa famille à la rejoindre en France, dans le Tarn. « C’est un soulagement de les avoir ici, explique-t-elle. Je ne sais pas combien de temps elles resteront, tout ce que nous espérons, c’est que le conflit s’arrête. »
Comme tant d’autres Ukrainiens, Rita Fomina et Lisa Strelets ont fui les bombardements. L’une vivait à Zaporijia, l’autre à Kiev. Toutes les deux sont parties en laissant derrière elles leur appartement et une vie construite depuis des années. « J’attends une autre nièce, accompagnée d’une amie et de deux enfants, ajoute Oksana Budka. Mais le reste de ma famille est toujours en Ukraine. » Son frère, notamment, militaire resté défendre son pays. Ou encore un neveu de 25 ans, tiraillé entre l’envie de fuir et la honte d’abandonner sa famille.
Un trajet éprouvant
Pour arriver en France, les deux nièces d’Osaka Budka ont traversé plusieurs pays. Des périples éprouvants. « À Kiev, une nuit, nous avons été réveillées à 4h du matin par une explosion. À ce moment-là, nous avons fait nos valises en vitesse et j’ai pris la voiture », explique Lisa, traduite par sa tante. S’en suit une longue route à travers la Slovaquie, puis la Slovénie et un arrêt à San Remo. « J’étais seule à conduire et les enfants étaient épuisés. » Rita est restée plus longtemps en Ukraine, avant, finalement, de fuir en prenant le train. « C’était la panique, beaucoup de monde voulait s’en aller », témoigne-t-elle. Une semaine plus tard, la voilà enfin en France.
« La première chose qui m’a marquée, c’est le calme. Nous n’avons plus besoin d’aller nous cacher dans des caves. »
En France, ces réfugiés échappent au pire, mais pour ces jeunes femmes qui ne parlent pas le français, l’avenir est flou. « Pour le moment, j’essaye de comprendre le fonctionnement de la France et de me sentir utile. On a eu de la chance de pouvoir partir, mais c’est difficile d’abandonner tous ses projets », confie Rita. À Zaporijia la jeune femme était designer, un métier qu’elle adorait. Aujourd’hui, elle ne sait pas si elle pourra reprendre sa carrière. Lisa, elle, maman de deux petites filles, a toujours l’esprit en Ukraine, là où est resté son mari. « Mes filles pleurent car leur père leur manque, ça me fait mal au coeur. Mais ce qui compte c’est d’être en vie », souffle-t-elle en regardant ses filles jouer innocemment dans la chambre où elle loge.
Préparer l’accueil des réfugiés
Comme Oksana Budka, un grand nombre de Français se portent volontaires pour accueillir des familles réfugiées. Membre active d’une association franco-ukrainienne, elle reçoit régulièrement des appels pour proposer de l’aide. Pour l’instant, elle attend que tous ces hébergements soient déclarés auprès de la préfecture, afin de protéger les réfugiés. « Toute aide est la bienvenue, mais les volontaires doivent garder à l’esprit que recevoir des réfugiés ce n’est pas simple », rappelle-t-elle.
Ces hébergeurs doivent se préparer psychologiquement à recevoir une famille pour un temps indéterminé, mais aussi matériellement. « Quand on s’engage on ne sait pas si ce sera pour une semaine ou plusieurs mois. Et une fois que les gens sont là, on ne peut plus reculer. »
À l’heure actuelle, plus de deux millions d’Ukrainiens ont fui leur pays, parfois sans savoir si un logement les attendra quelque part.