"Je dois avoir des cousins dans tout le département !" Embauche d'un directeur membre de la famille du président, déficit abyssal : l'association des maires en crise

Malgré d'importantes subventions, l'association des maires du Tarn est au bord du gouffre financier avec un déficit qui dépasse les 140 000 euros. Un déficit largement alimenté par le recrutement d'une nouvelle direction.

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Depuis plus de 30 ans, l'association des maires et élus locaux du Tarn est un acteur bien connu et installé dans le paysage politique tarnais. Les 314 communes du département utilisent ses services : formation ou conseil. La structure bénéficie d'importantes subventions à savoir plus de 350 000 euros par an.

Mais, depuis le recrutement d'une nouvelle direction, rien ne va plus. Le déficit se creuse et les tentatives pour renflouer les caisses ne suffisent pas à rétablir une situation financière de plus en plus critique.Un déficit alarmant. La prochaine assemblée générale s'annonce houleuse.

Selon nos informations, plusieurs élus s'inquiètent d'un dérapage incontrôlé des comptes. Les chiffres qui doivent être rendus publics dépassent les 140 000 euros. Ce déficit est à mettre en relation avec les subventions publiques : 350 000 euros. Sans parler des cotisations des adhérents, de centaines de communes du département.

Contacté par France 3 Occitanie, le président de l'association, Jean-Marc Balaran, explique cette situation par des "problèmes comptables" , "une dette échelonnée sur cinq ans", une "comptabilisation qui est faite sur un seul exercice", "par des congés qui se sont accumulés", par "des aides attendues n'arrivant pas" et "par une augmentation de la taxe sur les salaires." Mais l'élu ne souhaite pas "communiquer davantage" à ce sujet.

L'association a toujours été abondamment financée grâce à l'entregent de son ancien fondateur et président, le sénateur (PS), Jean-Marc Pastor. Mais, les ressources ne suffisent plus à équilibrer les dépenses.

Des tentatives de renflouement tous azimuts

Pour essayer de se remettre à flot, l'association multiplie les initiatives. Finis le congrès annuel à la "bonne franquette". Depuis deux éditions, le grand raout a déménagé au Parc des Expositions, des stands sont loués à des opérateurs privés. Un vrai tournant "culturel" qui n'est pas d'ailleurs du goût de tous les maires. Certains regrettent l'ancienne formule plus conviviale et, surtout, moins "business"..

Sous couvert d'anonymat, le maire d'une importante commune exprime son malaise et évoque un risque de "conflit d'intérêt". En effet, les stands sont loués à des opérateurs privés qui peuvent passer des marchés avec des municipalités membres de l'association.

La réaction de cet élu local de premier plan n'est pas vraiment surprenante. Elle s'inscrit dans le contexte du moment. Une figure des maires du Tarn vient d'être mise en examen pour "prise illégale d'intérêt" et "favoritisme".

A lire : Mise en examen pour corruption du président de l'agglomération Gaillac-Graulhet Paul Salvador avec quatre autres personnes

Plus que jamais, les élus du département sont sensibles à tout ce qui touche, de près ou de loin, aux relations entre les collectivités locales et les entreprises privées.

Autre innovation, toujours dans l'optique de faire rentrer de l'argent, l'association a créé, le 1er janvier 2023, une filiale baptisée ACTIV ADM 81 (Appui Coopération InnoVation). Cette structure permet de facturer des services. Cela ne pose pas de problème juridique — rien d'illégal dans cette initiative — mais cela montre que la présidence et la direction de l'association cherchent désespérément du financement. Une recherche qui prend parfois une forme un peu surprenante. 

Selon nos informations, un nouveau recrutement est envisagé pour rétablir les comptes. Or c'est justement du côté des dépenses de fonctionnement que se trouve le problème.

En effet, l'embauche d'un nouveau directeur a "explosé" l'équation budgétaire. En effet, le seul salaire de ce dernier "pèse" autour de 100 000 euros par an. Autrement dit, la rémunération du directeur général représente quasiment le montant du déficit. 

Une direction généreusement rémunérée

La rémunération du directeur général (DG) de l'association est supérieure à la grille habituelle de la fonction publique locale. Normalement, un DG "tourne" autour de 6000 euros net par mois. Un salaire qui correspond, d'ailleurs, à un poste dans une "grosse" collectivité, mairie d'une commune de plus de 50 000 habitants, conseil départemental ou conseil régional.

S'agissant de l'association des maires du Tarn, la fiche de poste se limite au management de moins de 20 personnes.

Mais un autre aspect, fait tousser des élus tarnais. Le nouveau directeur général, fonctionnaire d'État en détachement, est un membre de la famille du président de l'association. Un cousin pour être précis. "il y a un cousinage au quartier ou au cinquième degré. Comme je dois avoir des cousins dans tout le département. Mais ça n'a aucune conséquence sur le choix du directeur" assure Jean-Marc Balaran.

Un président qui ne veut "pas communiquer davantage". Pourtant, Jean-Marc Balaran n'est pas uniquement confronté à des problèmes financiers. Il doit aussi gérer un climat interne dégradé avec les salariés de l'association.

Un personnel qui tire le signal d'alarme

L'association des maires et élus locaux du Tarn bénéficie d'une grande stabilité dans ses ressources humaines. C'est la même équipe (majoritairement féminine) qui fait vivre, depuis plus de 10 ans, au quotidien la structure, qu'il s'agisse de la comptabilité, de la communication ou du conseil juridique.

Mais, selon nos informations, le climat s'est fortement dégradé. La médecine du Travail a été saisie et une partie du personnel a ouvertement exprimé son malaise et son mal-être. La nouvelle direction est désignée comme une source de tension. Le mot "harcèlement" est même prononcé. L'affaire n'est plus interne et confinée entre les murs de l'association. Plusieurs élus ont été interpellés comme l'ancien député Jacques Valax. 

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