Paul Salvador, président de l'agglomération Gaillac-Graulhet (Tarn), et les deux patrons du groupe de BTP Laclau sont convoqués par les gendarmes dans le cadre d'une enquête pour "trafic d'influence, prise illégale d'intérêt et déclaration incomplète ou mensongère". Ils sont soupçonnés d'un possible conflit d'intérêts lors d'une vente de terrains, appartenant à la collectivité tarnaise.
Ce rendez-vous était attendu. Le 29 mai 2024, le président de l’agglomération Gaillac-Graulhet, Paul Salvador, et les dirigeants du groupe de BTP Laclau, Sylvain et Jean-Marc Laclau sont convoqués par les gendarmes, comme le révèle le quotidien La Dépêche du Midi. Une information confirmée à France 3 Occitanie par le parquet d'Albi, mercredi 22 mai 2024.
Le nouvel épisode d'une affaire commencée en juin 2023 avec les révélations de notre rédaction sur de possibles conflits d'intérêts au sein de la collectivité tarnaise.
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Deux terrains, vendus à la société Matériaux Enrobés du Pastel (MEP), une filiale du groupe Laclau, pour la réalisation d'une usine de bitume à Montans sont au cœur de la polémique.
Au fond "pas de problème"
Paul Salvador, en raison de ses relations d’affaires avec les frères Laclau, n'aurait pas dû intervenir dans cette vente. Malgré tout, l'élu a voté en faveur de cette transaction le 20 juin 2022. Une participation pouvant constituer une prise illégale d'intérêt, malgré une délibération rectificative, votée en mai 2023, sans la participation de Salvador.
Ce dernier reconnaissait en 2023, auprès de France 3 Occitanie, s'être déporté volontairement en mai 2023 conscient des risques. "Les opposants au projet de la centrale d’enrobage ont souhaité porter à la connaissance du préfet la nullité de la première délibération" avance-t-il. "Ils ont fait valoir que certains des porteurs du projet de la société MEP étaient en relation professionnelle avec moi dans le cadre d’opérations de sociétés privées (qui n’ont rien à voir avec le sujet de la centrale)" poursuit-il. C'est pourquoi, il a décidé de ne pas voter "afin de ne pas alourdir les griefs des opposants à l’encontre de ce projet".
Mais pour Paul Salvador, il n'y a, au fond, pas de problèmes, car "l’agglomération n’avait qu’un seul acquéreur sur ce terrain", la société MEP. L'élu rappelle également le prix de vente : 660.168 €, au lieu des 295.250 € correspondant à l’estimation des domaines de référence pour les collectivités. "Comment peut-on imaginer que la société MEP a été favorisée sur cette opération ?" s'interroge-t-il en guise de conclusion.
Trafic d'influence, prise illégale d'intérêt, déclaration mensongère
Des soupçons, qui ont pourtant poussé la justice à ouvrir une instruction judiciaire le 20 novembre 2023. Au début de l'année, la directrice générale des services de l’agglomération Gaillac-Graulhet a alerté la justice en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale. Depuis, l'enquête s'est intensifiée avec une série d’auditions.
Selon la Dépêche du Midi, les investigations portent sur des soupçons de "trafic d’influence", de "prise illégale d’intérêt", d'atteinte à la liberté d’accès ou à l’égalité des candidats dans les marchés publics" et de "déclaration incomplète ou mensongère de sa situation patrimoniale à la haute autorité de transparence de la vie publique". Paul Salvador est en effet actionnaire de Grésigne Résidences depuis 2012. Il ne fera état de ces participations au sein de ces sociétés dans sa déclaration d'intérêts à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATPV) comme conseiller départemental, que 10 ans plus tard.