La passerelle devait coûter 3,1 millions d'euros : elle va coûter 4 fois plus cher !

Après quasiment 10 ans d'attente, une passerelle doit être inaugurée à l'horizon 2025 dans la ville d'Albi (Tarn). Retour sur un chantier hors norme marqué par des dépassements budgétaires et des épisodes judiciaires.

A la mairie d'Albi, deux sujets sont "sensibles", pour ne pas dire "tabous" : le circuit automobile et la passerelle. Le simple fait de les évoquer peut susciter, pour des raisons différentes, gène, mutisme ou parfois irritation. Au moins un dossier est désormais "déminé". Le 24 septembre dernier, la passerelle est remontée à la surface au travers d'une communication officielle. L'édifice doit sortir de terre - ou plutôt surplomber les eaux du Tarn - en juin 2025. 

Deux arrêts de chantiers et une pause imposée

Tout commence en juillet 2014. Une présentation du projet est faite à la commission nationale des secteurs protégés. Cette étape, purement administrative, marque le début du commencement d'un chantier vendu au public albigeois à grand renfort d'images de synthèse montrant la future réalisation.

A l'époque, une échéance est fixée. Les premiers piétons et cyclistes doivent pouvoir traverser la rivière Tarn au 2nd semestre 2016. 7 ans plus tard, le seul moyen pour passer d'une rive à l'autre est d'emprunter le pont albigeois le plus récent, construit en 1868 ou, pour les amateurs d'édifice vraiment historique, de prendre un autre pont, remontant au IXe siècle.

Désormais, il existe un rétroplanning. Le compte à rebours est lancé. Dans 18 mois, en 2025, un édifice flambant neuf, long de 180 mètres,  doit enfin changer la physionomie d'Albi. La passerelle est d'ailleurs déjà en place. Enfin façon puzzle. 37 tronçons, réalisés par une entreprise de la région de Venise, sont rangés, au milieu des herbes hautes, en bordure du Tarn, sur le point d'arrivée de la future construction à savoir la base de loisirs de  Pratgraussals.

Cette dernière étape devrait être finalisée en 2016. Mais le chantier a été arrêté à deux reprises. Une première fois, l'interruption a été liée à la liquidation judiciaire d'un prestataire. En octobre 2020, nouveau coup de théâtre. L'entreprise chargée du chantier refuse de continuer les travaux en évoquant des problèmes de sécurité et de solidité de l'infrastructure.

Un désaccord avec le cabinet d'architecture ayant conçu le projet est à l'origine d'un nouveau retard. Les algécos sont désertés par les ouvriers et fermés avant d'être...volés. Le sort s'acharne. Ce n'est pas tout. Il ne manquait plus qu'une épidémie mondiale et un confinement du pays ne s'en mêlent. C'est exactement ce qui va se passer avec le Covid.

Cette cascade d'événements indésirables conduit à un allongement substantiel du calendrier. Mais, surtout, cela a un coût. Le budget prévisionnel explose

Un budget multiplié par 4

En 2014, le document de présentation du projet évalue le chantier à 3,1 millions d'euros HT. Ce chiffre est présenté comme le montant de "la passerelle et ses atterrissements". Une enveloppe de 1,5 millions d'euros HT est fléché "requalification des espaces publics associés".

Au total, le budget prévisionnel est donc de 4,6 millions d'euros.

Finalement, la facture est de 12,5 millions d'euros. Et ce ne sont pas les seules dépenses. En effet, il faut également intégrer des frais de justice et des honoraires d'avocat. La passerelle s'est retrouvée devant le tribunal administratif suite à un contentieux avec un prestataire.

Cela constitue, en quelque sorte, un coût indirect. D'ailleurs, ce n'est pas la seule dimension "judiciaire" du projet. Un signalement a été fait auprès du procureur de la République. L'association Anticor soupçonnait un conflit d'intérêt s'agissant de l'acquisition (auprès de la famille d'un élu albigeois) d'une maison "inclut" dans le périmètre de la passerelle. Un signalement effectué auprès de l'ancien procureur d'Albi, muté depuis, suite à une sanction disciplinaire, au Parquet de Marseille.

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