Le chantier de la passerelle d’Albi de nouveau à l’arrêt : un des constructeurs dénonce un défaut de conception

Les travaux de la passerelle albigeoise stoppés par l’entreprise chargée du montage. Elle affirme que l’ouvrage serait susceptible de s’effondrer, ce que réfute l'architecte. La communauté d’agglomération s’apprête à lancer une procédure pour abandon de chantier.


 

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Sur les rives du Tarn, le silence est revenu. Les ouvriers de la passerelle piétonne d’Albi ont quitté le chantier depuis le 24 septembre. Mais l’ouvrage est loin d’être achevé. La cause de ce départ inattendu se trouve dans un désaccord qui oppose depuis plusieurs mois l’entreprise IOA Construction, le cabinet d’architecte Ney et Partner et la communauté d’agglomération de l’albigeois (C2A).

Défaut de conception ?

Selon nos confrères de la radio 100% qui a révélé l'affaire, IOA Construction en charge de l'assemblage et du montage sur site de cette passerelle, alerterait depuis des mois sur ce qu'ils appellent des erreurs importantes de conception.

Nous avons pu joindre l'entreprise qui nous a expliqué qu'après avoir signé le marché en 2018 ils ont "tout de suite remarqué des erreurs manifestes. Les ancrages ne tiennent pas. Si on avait conçu comme c'était dessiné, la passerelle serait descendue dans le Tarn." La société a lancé un référé expertise et attend la nomination d'un expert. Elle dément avoir quitté officiellement le chantier. Selon cette entreprise "la C2A s'est fait vendre du rêve par un architecte belge avec peu de références."


Des propos accusateurs que n’accepte pas le cabinet d’architectes du projet

Mathieu Mallié, directeur du projet de la passerelle d’Albi chez Ney et Partner, que nous avons contacté, n’accrédite en aucun cas cette thèse de dangerosité de la structure. « C’est faux, la structure n’a aucun problème de dimensionnement et n’a aucun risque de s’écrouler dans le Tarn. C’est une déclaration à l’emporte-pièce qui ne s’appuie pas sur des données. L’entreprise IOA construction veut créer la polémique. »

Il confirme que depuis plusieurs semaines les discussions devenaient difficiles avec cette entreprise. Jusqu’à cette ultime action.
« Abandonner le chantier est une action qui n’est pas neutre. Habituellement, on imagine une construction sur le papier et ensuite on discute avec les constructeurs et on adapte le projet en fonction des méthodes de travail des entreprises sur le terrain. Mais là, cela n’a pas été possible.
On est des professionnels, on conçoit des passerelles depuis 25 ans. Celle-ci n’est pas la première et l’on a déjà travaillé sur des chantiers beaucoup plus difficiles. Je pense que sur ce chantier si l’on avait collaboré avec une autre entreprise on ne serait pas arrivé à ça et je le regrette.
 »

Pour le concepteur et maître d'oeuvre de ce projet, la seule issue est d’attendre le résultat de la procédure entamée par IOA construction.
 

 Une action juridique est en cours et les juges trancheront. Quelle que soit l’entreprise mise en cause elle devra assumer ses responsabilités.

Différend financier

Mais le désaccord entre les parties est également financier. L’entreprise IOA Construction estime que les « défauts » de conception ont engendré des surcoûts qu’ils ne peuvent prendre en charge. "Nous n'avons pas été payés depuis mars et nous demandions un préfinancement pour terminer le chantier avant la fin de l'année que nous n'avons pas obtenu".  Stéphanie Guiraud-Chaumeil, présidente de la C2A confirme : « En juillet dernier nous avons été obligés de dire à l’entreprise que nous ne pouvions pas accéder à ses demandes de financement complémentaire. Ces dépenses supplémentaires paraissaient excessives. »

Concernant la dangerosité évoquée par IOA construction, la présidente affirme n’avoir aucun doute sur les compétences du cabinet d’architecture au vu de ses réalisations passées. « IOA a répondu à un marché et n’a rien découvert, tout était déjà écrit. Elle connaissait toutes les attentes notamment les délais. »
 


Une demande de retour sur chantier va être effectuée rapidement.  « Notre maître d’oeuvre va demander à l’entreprise de reprendre son travail. Si l’entreprise ne le fait pas, nous devrons défendre les intérêts de l’agglomération. » Une autre procédure judiciaire pourrait donc être lancée.


Les déboires de la passerelle albigeoise

Cet arrêt n’est pas le premier depuis le lancement du projet. Initialement, la passerelle aurait dû être achevée en 2019. Mais la mise en liquidation de l’entreprise italienne qui devait assembler la partie métallique avait une première fois retardé le chantier. Les Albigeois l’espéraient en 2020 mais le coronavirus en a décidé autrement. Le confinement n’a pas permis aux entreprises d’œuvrer sur le terrain.
Aujourd’hui, le chantier est une nouvelle fois à l’arrêt. Difficile du coup de prévoir quand sera enfin inauguré cet ouvrage.
 
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