Le syndicat Sud éducation demande dans une lettre ouverte des explications au recteur de Toulouse et au préfet du Tarn. Vendredi 10 juin 2022, des gendarmes sont intervenus au lycée de Gaillac afin d'interroger Laura, qui avait questionné Emmanuel Macron la veille sur les violences sexuelles.
Depuis, près d'une semaine, la polémique ne dégonfle pas. Le vendredi 10 juin 2022, au lendemain de la visite du président de la République à Gaillac, des gendarmes sont allés interroger Laura au sein même de son établissement.
La lycéenne avait questionné Emmanuel Macron : "Vous mettez à la tête de l’Etat des hommes accusés de viols et de violences sur les femmes. Pourquoi ?". Les militaires, qui se sont depuis excusés, ont interrogé la jeune fille sur des violences sexuelles dont elle raconte avoir été victime, mais l’ont sermonnée du même coup : elle aurait dû envoyer un courrier à l’Élysée, et non alpaguer Emmanuel Macron de cette façon.
Quels motifs ?
Les réactions, choquées, ne cessent de se multiplier depuis, avec notamment la diffusion du hashtag #LaQuestionDeLaura sur Twitter. Le syndicat Sud éducation demande des comptes au recteur de l'académie de Toulouse et au préfet du Tarn.
"Quels motifs avancez-vous, M. le Préfet, M. le Recteur, pour justifier une telle
intervention ? Doit-on vous rappeler que les établissements scolaires sont des lieux d’apprentissage, non de répression et de mise au pas ? Conformément à leurs missions, les personnels de l’Education Nationale s’y efforcent d’éveiller et d’entretenir l’esprit critique des jeunes personnes qui leur sont confiées comme leur conscience citoyenne. Une intervention des gendarmes comme celle qui s’est produite à Gaillac vendredi dernier contrarie et met à mal ce patient travail. Quelle image de notre démocratie, du fonctionnement de nos institutions donne-t-on à ces jeunes gens ?"
Une question reste pour le moment également en suspens : qui a donné l'autorisation aux militaires de rentrer dans l'établissement ?
Un vif débat
"Quel a été le mécanisme qui a permis cette intervention des gendarmes, s'interroge Bérangère Basset, membre de Sud éducation et enseignante dans un collège d'Albi. Cela ne peut pas se passer comme ça. La lycéenne l'a vécu comme une tentative d'intimidation. Il y a derrière cette affaire une volonté de tout contrôler et qu'il n'y ait pas une parole qui déborde. Les gendarmes auraient très bien passer par une personne du lycée, comme l'infirmière de l'établissement."
La remise en cause des paroles des victimes, les violences sexuelles, mais aussi l'absence de réponses au sein de l'éducation nationale alimentent les discussions. Laura, elle, s'est mise en retrait. Elle passe ses épreuves du baccalauréat cette semaine.