Tarn : les craintes des éleveurs de porcs en plein-air face à la menace de la peste porcine

L'épizootie de peste porcine africaine fait des ravages dans le monde entier. Les élevages de porcs en plein-air font face à une nouvelle difficulté : le gouvernement leur impose de les clôturer. Cette mesure onéreuse menace la pérennité de l'activité dans des exploitations du Tarn.

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François Thomas est inquiet. Les nouvelles mesures du gouvernement face à la menace d'une épizootie de peste porcine vont l'obliger à prochainement clôturer son exploitation et sa quinzaine de porcs noirs de Gascogne, qu'il élève sur la commune de Vaour (Tarn).
S'il n'applique pas cette décision, ses animaux ne pourront plus sortir, même pour aller à l'abattoir. Il sera donc dans l'impossibilité de vendre. 

Plusieurs autres éleveurs du département partagent ces craintes au sujet de l'avenir de leur activité.

Trouver d'autres solutions

L'application de cette mesure se révèle très onéreuse et aucune aide financière n'est annoncée pour faciliter son application par les éleveurs.
Elle s'annonce aussi très difficile, voire impossible dans certains cas.
Ils réclament de la part du ministère la recherche d'autres solutions, mieux adaptées à la protection de leurs animaux.
L'arrêté prévoit de mener à son terme cette opération de manière généralisée en 2021.

Le reportage de Noé Poitevin et Sandrine Estrade :

La peste porcine africaine (PPA) est propagée par un virus à la fois très contagieux et très résistant en plein-air.
Depuis 5 ans elle s'est répandue dans plusieurs parties du Monde :
  • en Chine, 300 millions de porcs en sont morts en un an, 300 000 ont dû être abattus préventivement
  • un autre foyer s'est développé en Europe de l'est, surtout en Pologne et en Roumanie
  • en Belgique ce sont principalement les sangliers qui sont frappés par cette maladie : 800 ont déjà été dénombrés.
Pour éviter que ces animaux sauvages ne viennent contaminer leurs congénères en France, une "zone blanche" a été décrétée le long de la frontière franco-belge.

Des chasseurs du département de la Meuse ont même pris l'initiative de poser des clôtures pour séparer les 2 pays.
La plus grande crainte : qu'un sanglier errant ne s'approche d'un porc domestique. C'est tout l'élevage qui serait menacé de contamination.

Un risque élevé de contamination

Pire encore : il suffirait à un promeneur en forêt de s'approcher du cadavre d'un sanglier contaminé pour qu'il devienne à son tour porteur du virus - qui ne touche pas l'Homme - et fasse courir le risque de transporter la contamination vers un élevage de porcs épargné jusque-là par cette épizootie.

Conséquence : alors que les élevages industriels - pourtant si décriés - paraissent à l'abri de ce risque - protégés par l'enfermement des animaux dans des bâtiments hermétiquement fermés - ce sont les élevages en plein-air qui sont les plus menacés.
Dans cette logique, le ministre de l'agriculture a donc publié il y a quelques jours un arrêté visant à rendre obligatoire la pose de clôtures de 1m30 de hauteur autour des exploitations.

La crainte de la "bunkerisation"

A l'heure où le retour à des pratiques agricoles plus respectueuses de l'environnement et du bien-être des animaux a le vent en poupe, le choix de clôturer totalement tous les élevages de plein-air suscite la crainte d'une "bunkerisation" de leurs exploitations, chez ces éleveurs conscients de leur responsabilité sociale et sanitaire.
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