"On a gagné" : ce sont les premiers mots de Thomas Brail, le fameux arboriste-grimpeur, après le vote du conseil municipal de Saint-Amans Valtoret (Tarn) contre la vente de 40 hectares de terres agricoles de la commune au bénéfice d'un projet de méga-scierie soutenu par des élus locaux.
C'est un premier un coup d'arrêt contre un projet de "méga-scierie" qui devait s'implanter dans les années à venir entre Mazamet et Saint-Amans Valtoret dans le Tarn : selon ses promoteurs et les maires de ces communes il devait créer 200 emplois à terme.
"On a gagné" : c'est la première réaction de Thomas Brail, le fameux arboriste-grimpeur mazamétain, au lendemain du vote du conseil municipal de Saint-Amans Valtoret ; les élus ont décidé à la majorité de rejeter la vente de 40 hectares de terres agricoles, au lieu-dit "la Trille" sur le territoire de la commune, au bénéfice de ce projet de méga-scierie.
La promesse de 200 emplois
Pourtant les maires des deux communes étaient favorables à ce projet industriel : Marc Siat, le Directeur Général du groupe SIAT, avait annoncé la création de 200 emplois à terme. Ce groupe, créé en Alsace il y a deux siècles, proposait de compléter l'implantation de cette méga-scierie avec une unité de transformation de la matière sur place, "pour favoriser un circuit court".
L'aspect écologique de ce projet est un leurre : au lieu d'exporter le bois pour qu'il soit transformé ailleurs dans le monde, on le ferait sur place mais on continuerait à l'exporter ensuite, donc l'empreinte-carbone resterait exactement la même ! De plus l'usine attirerait toutes les plantations de sapins Douglas des environs : du coup les propriétaires forestiers seraient tentés de remplacer les feuillus par des conifères, au détriment de la biodiversité. Et cette unité transformerait en terrain industriel 40 ha des meilleures terres agricoles, situées au fond de la vallée du Thoré.
Les conseillers municipaux ont voté, ce mardi soir 9 mars, à la majorité : cinq voix en faveur du projet, neuf voix contre et une personne qui n'a pas pris part au vote. Cette décision porte un sérieux coup d'arrêt au projet de la SIAT : il doit s'étendre sur 70 hectares - tous sur les territoire des communes de Mazamet et de Saint-Amans-Soult - mais 40 sont la propriété de la commune de Saint-Amans Valtoret, et les 30 autres de Mazamet.
Je ne peux que prendre acte de la délibération du conseil municipal de Saint-Amans Valtoret, dont je remercie le maire. 95% du territoire de Mazamet est en zone de montagne : nous ne disposons que de ces seuls terrains pour accueillir des investissements industriels et nous restons ouverts à tous les projets. L'opposition de Thomas Brail vient-elle de ce qu'il habite juste à côté ? Les opposants ont-ils été téléguidés par des concurrents du groupe SIAT au niveau national ? On est en droit de se poser ces questions. La balle est dans le camp de SIAT qui peut adapter son projet.
Un collectif d'opposants manifeste
Selon Thomas Brail "tout s'est négocié entre les maires de deux communes et les dirigeants de la SIAT dans une totale opacité : nous avons découvert le "pot-aux-roses" il y a tout juste une semaine". Le fondateur du GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) a aussitôt suscité la création du "Collectif de la Vallée du Thoré", regroupant des opposants au projet.
Ce mardi soir, juste avant la réunion du conseil municipal, plus d'une cinquantaine de citoyens s'est rassemblée dans le calme - entre 17 H et 17 H 30 - devant la mairie du village - dans le but de manifester leur opposition et de peser dans le résultat du vote, une manifestation autorisée par le maire.
Notre collectif conteste également la fameuse promesse de la création de 200 emplois sur le site, argument qui a emporté l'appui des maires de deux communes concernées. En effet le groupe SIAT a déjà repris 2 autres scieries de moins grande dimension dans le département, à Brassac et Labruguière, et elles auraient été fermées pour être supplantées par cette nouvelle unité ; en fait on supprimerait des emplois pour les transférer ailleurs. Le solde des créations serait donc bien inférieur aux 200 que SIAT a fait miroiter.
Pour sa part Daniel Peigné, le maire de la commune depuis 2014, estime que "le projet risque d'avorter" du fait de ce vote négatif. Il signale que ce projet avait déjà été débattu à plusieurs reprises - antérieurement - avec les autres élus du conseil municipal, et que finalement ce rejet de la vente des terres agricoles de "La Trille" n'est qu'une demi-surprise"
C'est un sujet extrêmement sensible et je m'y attendais un peu, ce qui ne m'empêche pas d'être déçu. Je n'ai aucun intérêt personnel dans cette affaire. Un investissement de 250 millions d'Euros dans le Tarn, on n'avait pas vu ça depuis l'implantation des laboratoires Pierre Fabre... Et on ne le reverra sans-doute jamais. Le groupe SIAT ce n'est pas un fonds de pension. Transférés de Brassac ou créés, tous ces emplois auraient fait revenir des habitants dans les maisons inoccupées du village, bénéficiés aux commerces et à l'école communale.
En fin de réunion le maire a cité Louis-Ferdinand Céline : il faut faire attention aux décisions que l'on prend ; "L'Histoire ne repasse pas les plats".