Le 13 avril dernier, le directeur du verger de Fontorbe près de Lavaur avait allumé de la paille puis du fioul pour protéger son verger du gel. Une vingtaine de personnes avaient été intoxiquées suite aux émanations toxiques de fumées suscitant une polémique. Il s'exprime pour la première fois.
3 semaines après les feux puis les fumées toxiques dans son verger qui ont suscité la colère et l'hospitalisation de plusieurs personnes, le directeur de Fontorbe a accepté de sortir du silence pour s'exprimer pour la première fois sur France 3 Occitanie.
Les seaux qui contenaient les combustibles à l'origine des fumées sont toujours au pied des arbres. La polémique s'est un peu apaisée. L'occasion pour Lucas Crosnier de sortir de son mutisme.
Le directeur de Fontorbe présente ses excuses
"On voudrait sincèrement -et moi personnellement- s’excuser pour les désagréments causés à la population par les feux allumés lors de l'épisode de gel en avril dernier. On a été tous très affectés. On ne travaille pas pour faire ça. On est implanté depuis 60 ans, on est un acteur majeur de la région de Lavaur et on souhaite le rester dans le respect de la population."
Lucas Crosnier a mal vécu cet épisode de feux de paille puis de fioul allumés pour protéger ses arbres contre le gel. Des gelées particulièrement nombreuses et fortes cette année. A tel point que le stock de bougies de stéarine (bougies d'origine végétale ou animale) qui servaient à réchauffer l'atmosphère est épuisé.
"C'est un épisode de gel historique, unique dans ce centenaire dans la durée et dans l’amplitude des températures. Il existe plusieurs solutions pour éviter le gel. Mais cette année, nous avons subit plus de 10 nuits de gel. Pour la variété de kiwis ultra-sensible au froid, on est intervenu 13 fois. On a consommé tout ce qu’on avait. Le phénomène étant national et européen, plus aucun fournisseur ne pouvait nous approvisionner. Nous avons donc fait avec des solutions plus anciennes qui sont préconisées par l'ACTA (NDLR : Association de Coordination Technique Agricole pilotée par les agriculteurs.) Ces techniques ont été utilisées dans d'autres régions."
Feu de paille et fioul consumé provoquent des intoxications
Dans la nuit du 12 au 13 avril 2021, 150 tonnes de paille sont parties en fumée sans que l'arboriculteur et son équipe ne puissent contrôler la situation. "Nous avons brûlé trop de paille avec une combustion incomplète qui a provoqué des émanations de dioxyde de carbone et donc des intoxications. La pression atmosphérique était aussi trop forte et les nuages de fumées incontrôlables. Encore une fois, je tiens à m'excuser auprès de la population et des personnes qui étaient dans le verger pour le protéger du gel. Suite à ces événements, la nuit d’après nous avons choisi un autre mode de protection : brûler du combustible. Ca n'a pas provoqué d’intoxication mais un nuage noir impressionnant au réveil. Je regrette que nous ayons perdu la maîtrise ce soir là."
Quel avenir pour le verger de Fontorbe ?
L'image du verger est aujourd'hui entachée. Seulement 50 à 60% de la production de cette année a été sauvée selon le directeur du verger. Face à la mobilisation de la population, il va falloir renouer le dialogue. "Le temps n’est pas venu de répondre à toutes les critiques. On ne peut pas remettre en cause toute les pratiques pour un seul accident. Il faut d'abord se mettre autour d'une table, faire découvrir notre métier et ses aspects positifs. Ensuite, nous travaillerons avec les décideurs et les associations pour que le verger continue d'avoir sa place et d'être un acteur majeur de la région, sans nuire à la population."
En fin de semaine dernière, le directeur a sollicité les 4 maires du secteur et la préfecture pour faire un bilan. Viendra aussi le temps de la justice. Les maires concernés et France Nature Environnement ont porté plainte. L'association s'est constituée partie civile au dossier. "L'enquête judiciaire est en cours. Nous assumerons les conséquences", assure le directeur.