Avec la transformation de vin en gel hydroalcoolique, le vignoble de Gaillac joue sa "survie"

La France vient d'autoriser la transformation de 200 millions de litres de vins en gel hydroalcoolique. La mesure concerne le vignole de Gaillac (Tarn) afin d'éponger les pertes de la crise du coronavirus. Mais la filière du gaillacois va devoir aussi se restructurer si elle veut survivre.

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La mesure est exceptionnelle. Les viticulteurs français sont autorisés à transformer 200 millions de litres de vins en gel hydroalcoolique. Une bonne nouvelle pour la filière, notamment les 300 exploitations du gaillacois dans le Tarn.

"C'était très attendu car cela va permettre aux exploitants de vider leurs cuves pour engendrer une nouvelle récolte. explique la député tarnaise, Marie-Christine Verdier-Jouclas (LREM), qui a travaillé sur le dossier avec le gouvernement. Durant le confinement, le secteur de la viticulture a été durement impacté par la fermeture des restaurants, l'annulation des salons. Il n'était pas question que les exploitations passent en chômage partiel. La vigne a continué à pousser et avait besoin d'être entretenue. Les recettes étaient donc inexistantes, tandis que les charges s'accumulaient." 

2 millions d'hectolitres de vin en gel hydroalcoolique

Pour venir en aide à la filière, deux mesures ont été prises. La première concerne une "distillation de crise". La France vient donc de donner la possibilité aux viticulteurs de transformer 2 millions d'hectolitres d'invendus en bioéthanol ou en gel hydroalcoolique.

Un hectolitre de vin sous appellation sera indemnisé à hauteur de 78 euros contre 58 euros pour un vin sans indication géographique. "Cela va nous permettre de couvrir à peine le coup de production mais c'est déjà bien, estime Cédric Carcenac, producteur et président de la Maison des Vins de Gaillac. Après nous serons véritablement contents lorsque nous connaitrons les véritables volumes que l'on va nous prendre. On espère que l'Etat ne sera pas têtu et qu'il saura s'adapter." 

Les quantités pour les producteurs tarnais ne sont pas encore connues. Mais à l'aide de ces indemnisations, la bouteille de vin de première catégorie obtiendra environ 60 centimes de « subvention » contre 43 centimes pour les autres. De quoi limiter la casse sans véritablement consoler les viticulteurs confrontés à une crise historique due à la chute de la consommation durant le confinement et à la baisse des exportations (notamment vers les Etats-Unis).

Aide au stockage

Pour la députée Verdier-Jouclas, il n'y a pas de craintes à avoir : "l'Etat s'est engagé à une "clause de revoyure" afin de revoir à la hausse ou à la baisse les besoins réels. Cela devrait être renégocié d'ici le 20 juin."

La deuxième mesure est une "aide au stockage" de 10 euros par hectolitre pour les viticulteurs souhaitant conserver une production qu'ils estiment de bonne qualité. "Gaillac avait vraiment besoin de ces deux outils pour faire face à la crise car 50% des exploitants souhaitent distiller leur vin et l'autre moitié voulait le garder." 

La région a décidé également de venir en aide aux vins d'Occitanie avec un plan de relance de 14 millions d'euros.

Aides contre restructuration de la filière

Mais pour bénéficier de ces dispositifs de l'Etat, les filières se sont engagées à se restructurer. "Par exemple à Bordeaux, la filière à 3 vendanges d'avance en stock. Ce n'est pas acceptable. Il va falloir voir si il n'est pas possible de moins planter de vignes et peut être envisager d'en arracher." détaille Marie-Christine Verdier-Jouclas.

C'est sur ce point que le vignoble gaillacois joue son avenir. Pour Cédric Carcenac "toutes ces réformes vont nous permettre de revenir à un équilibre mais il va falloir aussi relancer le marché et se mettre d'accord pour se restructurer." La création d'une prime d'arrachage fait aujourd'hui craindre que certains viticulteurs décident de tout abandonner et de faire disparaitre des milliers d'hectares.

Dépasser les tensions au sein du vignoble

"Une situation catastrophique ! pour la députée En Marche. D'ici la fin de l'année les producteurs de Gaillac doivent savoir où ils veulent aller et ce qu'ils veulent faire. Rentrer dans l'IGP Pays d'Oc ou choisir une autre option. Ils ne doivent pas se tromper de concurrence. Elle est à l'extérieur pas à l'intérieurSi ils ne sont pas collectifs, certains vont rester sur le carreau.

Les tensions entre différents exploitants du gaillacois sont particulièrement vives. "Durant cette période de crise, nous devons faire fi de nos divergences estime Cédric Carcenac. Nous devons nous parler au delà de nos différents entre entreprises, coopératives, négoces."

Vendredi 5 juin, l'ensemble des acteurs de la filière du gaillacois étaient présents en visioconférence avec la députée Marie-Christine Verdier-Jouclas afin d'évoquer ce plan d'aides et de penser à la façon de ne pas mettre plus en danger le vignoble de Gaillac.

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