L'exposition Jean Jaurès ouvre ses portes mercredi à Paris aux Archives Nationales. C'est une grande rétrospective consacrée jusqu'au 2 juin à la vie de ce tarnais engagé sur les sentiers de la politique et du journalisme jusqu'à son assassinat le 31 juillet 1914
Les Archives nationales et la Fondation Jean-Jaurès retracent la carrière de Jean Jaurès à travers une exposition visible du 5 Mars au 2 Juin 2014 : autour de 200 documents, la plupart inédits, l'événement sera l'occasion de redécouvrir cette grande figure politique française, qui œuvrait pour la paix à l'aube de la Grande Guerre. L'exposition retrace le parcours de ce normalien brillant, historien, grand orateur et plume parmi ses pairs politiciens et journalistes, fondateur du journal L'Humanité, père du socialisme, justicier et pacifiste.A l'occasion de l'"Année Jean Jaurès", un siècle après sa disparition, les Archives nationales mettent en avant plus de 200 documents qui retracent une carrière politique tournée vers la paix et le progrès social.
On retrouve les principaux combats de Jean Jaurès, comme la lutte qu'il a mené pour défendre Dreyfus lors de son procès ou bien son engagement à préserver la paix en 1914, ce qui lui valu d'être assassiné.
Les Archives Nationales dévoilent des documents rares, certains jamais présentés au public : à travers photographies, manuscrits, notes personnelles, l'exposition retrace la vie et les combats politiques et sociaux, depuis son entrée à l'Ecole Normale Supérieure. Jean Jaurès sera député républicain, journaliste avant de fonder la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO).
Jean Jaurès, à Paris, aux Archives Nationales
Du 5 Mars au 2 Juin 2014
Horaires : 10h-17h30 semaine | 14h-17h30 week-end | fermé le mardi
Tarifs : 6€ | 4€ tarif réduit
Une grande rétrospective Jean Jaurès
Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès est attablé avec des amis au café du Croissant, à Paris. A 21h40, il reçoit une balle en pleine tête. "C'est par sa mort, aussi brutale qu'inattendue", qu'il est entré dans la mémoire collective, souligne l' exposition aux Archives nationales.Inaugurée mardi soir par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, cette exposition donne le coup d'envoi des commémorations du centenaire de l'assassinat du député socialiste et directeur de l'Humanité.
Jaurès comptait écrire un article décisif pour dénoncer l'inconséquence des dirigeants européens prêts à accepter la guerre. Mais il avait décidé de dîner rapidement auparavant. L'homme qui a tiré sur lui, Raoul Villain, est une personnalité fragile qui rêve d'une revanche de la France sur l'Allemagne. Pour lui, Jaurès le pacifiste est un traître et il doit être puni. "J'ai le sentiment du devoir accompli", déclare-t-il lors de l'interrogatoire.
Les vêtements que portait Jaurès le jour de sa mort sont présentés dans une vitrine: une redingote, un pantalon et un gilet en drap gris, qui permettent de se représenter la corpulence du tribun, pas très grand et trapu. La table avec son dessus en marbre (classé monument historique) à laquelle il dînait, est là également pour rappeler cette page tragique.
Le Parti socialiste, que Jaurès avait engagé dans une campagne pacifiste énergique contre la guerre, se retrouve sans chef. Le lendemain, le 1er août, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie et la France décrète la mobilisation générale. "L'Union sacrée" se fait sur la tombe de Jaurès. Les socialistes se rallient au gouvernement d'union nationale.
"En exposant non seulement des archives mais aussi ses objets, nous avons voulu insister sur l'homme", souligne Magali Lascousse, conservateur en chef du patrimoine aux Archives nationales et co-commissaire de l'exposition.
Jaurès, homme de terrain
Né le 3 septembre 1859 à Castres (Tarn), Jaurès est issu d'une famille bourgeoise appauvrie. Son père est exploitant agricole. Brillant, le jeune homme est reçu premier au concours de l'Ecole normale supérieure et devient agrégé de philosophie. D'abord professeur de philo au lycée d'Albi, le jeune républicain fait son entrée au Palais Bourbon en 1885, devenant le plus jeune député de France.
Battu en 1889, il retrouve un siège en 1893, en devenant député socialiste de Carmaux, ville minière du Tarn. Convaincu de l'importance de la presse, il écrit très tôt des articles dans les journaux locaux notamment "La Dépêche" de Toulouse dont il deviendra l'un des éditorialistes vedette.
En 1904, il décide de fonder son propre journal, grâce à l'appui d'amis républicains fortunés. Il pense à l'appeler "La lumière" puis "XXe siècle" avant de choisir "L'Humanité".
Le bureau de Jaurès au journal, alors situé rue Montmartre, et son encrier à forme d'oiseau sont à découvrir dans l'exposition. A l'Assemblée, Jaurès, regard clair et barbe fournie, est un tribun remarquable. C'est aussi un homme de terrain, qui voyage pour se rendre compte de la situation ouvrière et paysanne. Il accompagne les luttes sociales très dures face à un patronat brutal.
Quand on l'insulte, il n'hésite pas à se battre en duel aux pistolets. En 1894, il affronte le ministre Louis Barthou qui l'a traité de menteur. Et en 1904, il
se bat contre le nationaliste Paul Deroulède qui l'a accusé d'être un "corrupteur de la conscience publique". Personne n'est blessé.
En 1908, Jaurès devient "le vrai patron" du socialisme français: après huit heures de discours, il parvient à faire adopter sa motion de synthèse au congrès de Toulouse de la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière), souligne Gilles Candar, président de la Société d'études jaurésiennes, qui vient de publier "Jean Jaurès" chez Fayard avec Vincent Duclert.
D'abord enterré à Albi, Jaurès entre au Panthéon en 1924. Les ouvriers de Carmauxpoussent l'immense char pavoisé chargé du cercueil.