Ce jeudi 7 avril, environ 200 salariés du sous-traitant tarnais d'Orange ont manifesté à Paris devant le ministère de l'Economie. L'opérateur téléphonique leur a accordé un surcroît d'activité jusqu'à mi-mars 2023.
C'est une petite victoire pour Scopelec : les salariés du groupe tarnais ont réussi à obtenir 18 mois d'activité supplémentaire. Ce jeudi 7 mars, environ 200 salariés de Scopelec sont montés à la capitale pour manifester à la gare Saint-Lazare, non loin du siège de campagne d'Emmanuel Macron. Les représentants des salariés ont finalement été reçus par la ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runnacher.
A l'issue de la réunion, Orange a proposé à son sous-traitant en difficulté de lui fournir un surcroît d'activité jusqu'à mi-2023, afin de l'aider à franchir cette mauvaise passe. L'opérateur téléphonique, dont l'Etat est le premier actionnaire, a mis sur la table un volume d'affaires supplémentaire d'environ 22 millions d'euros en 2022, puis de 20 millions d'euros jusqu'à la fin du premier semestre 2023.
"Ça nous donne un sursis, mais c'est la moitié de ce qu'on avait demandé, déclare Frédéric Mazars, délégué Force Ouvrière (FO) de Scopelec. Pour lui, une partie seulement du problème a ainsi été réglée. "Ça va occuper 400 personnes sur les 1 000 emplois menacés. Alors qu'il faut aider tout le monde à partir dignement", reprend-il.
75% de l'activité de Scopelec dépend d'Orange
Pour rappel, l'affaire commence en novembre dernier. Scopelec, premier groupe coopératif français basé à l'abbaye-école de Sorèze, perd 65% de ses contrats de sous-traitance avec Orange, à l'issue d'un appel d'offre. Or, ces derniers représentent environ 40% de son chiffre d'affaires, qui s'est élevé à 475 millions d'euros en 2021.
Résultat : le sous-traitant, qui emploie 3 600 salariés en France, est placé en procédure de sauvegarde, depuis un jugement du tribunal de commerce de Lyon, en date du 17 mars 2022. Plus d'un millier emplois sont menacés, dont 500 en Occitanie.
Scopelec décide de contre-attaquer devant la justice contre le géant des télécoms. En mars dernier, le groupe entame une procédure pour rupture brutale de la relation commerciale. "Cette assignation a pour objectif de faire respecter nos droits à un préavis utile et nos droits à un accompagnement, y compris financier, face aux préjudices subis. Il est normal qu'Orange assume ses responsabilités et indemnise ses manquements", avait déclaré Thomas Foppiani, président du directoire du groupe Scopelec, à l'AFP le 27 mars dernier.
D'après Orange, un "contexte général de la baisse d'activité"
Car le groupe tarnais estime qu'Orange n'a pas respecté le préavis et qu'il ne lui a pas laissé suffisamment de temps pour se retourner. De son côté, l'opérateur téléphonique a déclaré dans un communiqué publié fin mars avoir "respecté l'ensemble des délais" et conteste "le bien-fondé de cette assignation".
"Les attributaires du contrat en vigueur jusqu'au 31 mars 2022 ont été prévenus dès 2018 du terme de ce marché et du lancement d'un nouvel appel d'offre. Cela leur a été formellement notifié en avril 2020, soit 23 mois avant le terme, avec un préavis supérieur aux usages", peut-on encore lire.
Contacté par l'AFP, le groupe Orange a déclaré ce jeudi que la réduction des contrats avec Scopelec s'inscrit dans un "contexte général de baisse d'activité" sur l'entretien du réseau en cuivre et de l'installation de la fibre, qu'il estime à environ 20% dans les années à venir.
Audience contradictoire ce vendredi 8 avril
Le 31 mars, le tribunal de commerce de Paris avait demandé à l'opérateur historique de maintenir son contrat avec Scopelec, son premier sous-traitant pour le déploiement de la fibre, jusqu'au 7 avril. Et ce, pour entendre les deux parties lors d'une audience contradictoire qui se tiendra ce vendredi 8 avril à partir de 11 heures.
"Cela pourrait redorer notre blason, affirme Frédéric Mazars, délégué Force Ouvrière (FO) de Scopelec. Orange a sali notre image alors qu'on était réputés pour faire du bon travail. Sans compter qu'ils nous ont coupé les vivres trop rapidement." Le tribunal de commerce de Paris tranchera le vendredi 15 avril.
La nouvelle directrice générale d'Orange, Christel Heydemann, doit par ailleurs s'entretenir "dans les prochains jours" du dossier avec le président du directoire de Scopelec, Thomas Foppiani, d'après l'AFP.