Jusqu'à 100% de dégâts dans certaines parcelles. Le réveil a été douloureux ce jeudi matin pour les vignerons du Tarn. Le gel a frappé fort deux jours de suite. Un bilan douloureux pour les vignerons.
Réveil douloureux pour les vignerons du Tarn. Comme dans d'autres vignobles de la region Occitanie et comme ailleurs en France, le gel était annoncé et il s’est abattu deux jours de suite sur les vignes du Tarn. Les dégâts s’élèvent à 100% sur certaines parcelles. C’est le cas dans le secteur de Cunac.
Thierry Massol est conseiller viticole à la Chambre d’agriculture du Tarn. Ce jeudi matin il a sillonné les parcelles pour évaluer les ravages causés par le gel. « La situation est dramatique pour certains, inquiétantes pour d’autres. On a une situation très hétérogène. L’estimation globale des dégâts s’annonce particulièrement complexe. Dans le secteur de Cunac, ce sont des parcelles entières qui sont dévastées. Les cépages les plus précoces comme le gamay ont été particulièrement sensibles. Aux alentours de Cahuzac-sur-Vère on a entre 40 et 50 % de parcelles touchées. Dans d’autres secteurs cela descend à 20%», explique-t-il.
Un véritable coup de massue pour les vignerons. « On s’attendait à un coup de froid mais pas de cette ampleur. C’est difficile pour le moral des vignerons. Et puis ils avaient déjà subi une vague de gel en 2016 puis 2017 », poursuit Thierry Massol.
Un sentiment d’impuissance
Cédric Carcenac est vigneron à Lisle-sur-Tarn et président de la Maison des vins de Gaillac. Comme pour ses collègues vignerons, la nuit a été courte. Il a consacré une grande partie de sa journée à l’inspection de ses vignes. « La situation est très différente d’une parcelle à une autre. Mais le gel tombe particulièrement mal. Les bourgeons étaient bien avancés. Même si un contre bourgeon repart, cela sauvera peut-être la vigne mais pas la récolte prochaine ! Là on ne peut que constater les ravages du gel», regrette Cédric Carcenac.
Un sentiment d’impuissance domine. Face au gel, les vignerons n’ont pas de moyens de lutte. Des températures de -1 à -3 degrés ont suffi à anéantir les espoirs. « Nous ne sommes pas équipés pour lutter contre le gel. Des vignerons ont peut-être limité les dégâts en désherbant. Cela limite les excès d’humidité. Mais on n’est pas équipés pour faire face à ces aléas météo », regrette Cédric Carcenac.
Et pas question de compter sur des aides puisque le gel est aujourd’hui un risque assurable donc aucun espoir de classement en calamité agricole. «Mais on a seulement 20 à 30% des vignerons qui sont assurés. Les franchises sont assez élevées. Je pense qu’il faudrait que l’assurance devienne obligatoire pour tous. Cela permettrait d’en faire baisser le prix. Et puis la prochaine PAC doit aider les vignerons à ce niveau-là ». C’est en tout cas ce que souhaite le représentant les vignerons de Gaillac.
« Une catastrophe qui s’ajoute à la catastrophe »
Dans le Tarn, c’est le sentiment partagé par la majorité des 300 vignerons et viticulteurs même s'il est encore trop tôt pour dresser un bilan précis des pertes à l'échelle du département. L'année 2020 a été commercialement difficile. En temps de crise sanitaire, de fermeture des restaurants, des bars, les ventes sont au plus bas. Et les cuves encore pleines de la récolte de 2020. « Oui c’est une catastrophe qui s’ajoute à la catastrophe de ces derniers mois. Les vignerons n’ont eu aucune aide spécifique liée à la crise contrairement au secteur de l’aéronautique », regrette Cédric Carcenac.
A la chambre d’agriculture, Thierry Massol assure qu’il est difficile pour les vignerons « de garder le moral. Mais ils restent discrets. Ils n’ont pas forcément envie d’en parler ».
Des vignerons éprouvés qui se préparent à devoir faire face à un nouvel épidode de gel en début de semaine prochaine.