Tarn : plusieurs propriétaires s'estiment victimes dans l'affaire Celea

Dans le Tarn, nouvelles révélations dans l'affaire Celea. Dans ce dossier présumé de blanchiment d'argent, des personne roumaines ont acquis des dizaines de biens immobiliers. La rénovation de la plupart de ces immeubles n'a pas été menée au bout. Les acheteurs sont victimes de malfaçons.  

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"Les ouvriers m’ont dit que ce serait fini au mois de juillet. Trois ans plus tard, c’est toujours pareil" lance Laurence Dolcini dans un rire étouffé. Devant un monte-charge condamné, au bout du couloir desservant l’ensemble du premier étage de l’immeuble, son voisin, Maurice Meynard, décrit les travaux restant à réaliser : "Il y a encore de la peinture à passer, les sols à faire. Puis tout ce qu’il manque : alarmes, extincteurs, ventilations, rampes d’escalier. Toutes les normes de sécurité".
Le chantier dans cette copropriété est évalué par les experts à 150 000 euros, sans compter la porte du garage sous-terrain à remplacer, la fuite d’eau dans le toit à colmater, les murs et les plafonds des logements touchés par l’humidité à assainir.

On nous a vendu du rêve !

En 2013, via Leboncoin sur internet et par le bouche à oreille, Laurence Dolcini, Maurice Meynard et trois autres personnes décident d’acheter un appartement dans cette résidence en cours de rénovation, située dans le centre-ville de Mazamet.
Avec des prix de vente allant de 45 à 90 000 euros, tous sont persuadés d’opérer une bonne affaire et de réaliser un de leur souhait : celui de devenir propriétaire.
"On nous a vendu du rêve" se désespère Madame Dolcini. Le réveil est aujourd’hui douloureux.

Il y a deux ans, les ouvriers de la société en charge des travaux, la Sarl Penon actuellement en liquidation judiciaire, ont disparu du jour au lendemain, laissant l’immeuble à l’état de chantier.
"La société Penon était dirigée par un certain Monsieur Gheorghe Spoiala, raconte Laurence Dolcini. Mais entre temps, cela a changé. Il y a eu Monsieur Daniel Closca mais au final on avait toujours à faire à Monsieur Sebastian Celea. C’était le chef. Il dirigeait tout le monde".

L'affaire Celea

Cet ancien légionnaire de 31 ans, de nationalité roumaine, est bien connu des agences immobilières du sud du Tarn. Entre 2010 et 2014, il a créé une quarantaine de sociétés civiles immobilières afin d’acquérir, à l’aide de prête-noms, des immeubles, des appartements, des maisons, principalement situés sur Castres et Mazamet. Comme l’a révélé France 3 Occitanie, il est actuellement incarcéré. La justice le soupçonne d’avoir mis en place un vaste réseau présumé d’escroquerie et de blanchiment d’argent à l’aide de ce patrimoine immobilier.

Les cinq copropriétaires du 12 rue de la République à Mazamet n’ont jamais soupçonné que ce "beau parleur" puisse les mettre en difficulté. "Malgré mes doutes, moi c’est la notaire, Maître Céline Bories, qui m’a donné confiance" assène Laurence Dolcini. Elle nous a dit  que ce n’était pas la première fois qu’elle faisait affaire avec eux, continue Madame Dolcini. Elle m’a dit aussi que si de toutes façons l’appartement n’était pas fini le jour de la signature, je pouvais refuser l’appartement. Elle  m’a aussi demandé de signer un papier afin que l’on ne se retourne pas contre elle et le vendeur, Sebastian Celea, si la copropriété n’était pas finie. Comme Sebastian Celea, Maitre Céline Bories est également mise en examen dans l’enquête ouverte par le JIRS de Marseille dans l’affaire de blanchiment d'argent.

Des appartements invendables

Toutes les économies de Clément Estrabaud sont passées dans l’achat de son appartement. Après l’apparition de moisissures sur les murs, le pompier ne peut pas occuper son logement : "Sebastian Celea ne voulait pas trop entendre parler deces problèmes là. Il m’a toujours dit que le jour où il serait trop embêté avec cette résidence, c’est simple, il nous lâcherait. C’est ce qu'il s’est passé". Comme les autres propriétaires de l’immeuble, le jeune homme est désormais coincé. Sans aucune garantie décennale, impossible de faire réparer les malfaçons du bâtiment par les assurances et de revendre les appartements. Tous se sentent ignorés et abandonnés face à leur situation. Selon nos informations, ils ne seraient pas les seules victimes de Sebastian Celea. Plusieurs propriétaires dans le Tarn seraient aujourd’hui dans la même situation

EN VIDEO / le reportage de France 3 Tarn :
 
Certains propriétaires ont tout perdu.

 

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