A peine commencé, la campagne de vaccination pour la Covid-19 s'essouffle. Plusieurs personnes n'ont pas pu se faire vacciner malgré des symptomes de diabète, d'insuffisance respiratoire et d'obésité sévère. Témoignages des non prioritaires.
La campagne de vaccination contre le Covid vient de démarrer et il y a déjà une pénurie de vaccin. Plusieurs personnes témoignent de leur mésaventure pour tenter de se faire vacciner. La réponse est toujours la même : les hôpitaux de Cahors et de Purpan n'ont pas assez de doses.
Michel Delfour a 72 ans, il habite à Mercuès près de Cahors dans le Lot. Habitué à se promener et à jouer à la boule lyonnaise, le retraité est très actif. Il a été élu pendant dix-neuf ans au sein de sa commune.
Prioritaire ou pas
Michel est diabétique, handicapé avec des prothèses aux jambes. Il vit également avec une insuffisance rénale et respiratoire. "J’ai un appareil la nuit pour respirer, donc mon médecin m’a dit, toi, il faut absolument que tu te fasses vacciner. J’ai donc téléphoné au numéro indiqué pendant toute une semaine matin et soir et chaque fois je tombais sur le répondeur pour me dire qu’il fallait rappeler plus tard".
Du coup, habitant à 10 kilomètres de l’hôpital de Cahors, il décide d’y aller directement.
Je vous passe la galère pour se garer. Je rentre dans l’hôpital, suis les panneaux "vaccination Covid" et explique mon cas au service concerné. L’infirmière m’écoute et me dit que je ne peux pas être vacciné parce qu’ils n’ont plus de vaccin, voilà !
Une carte pour rappeler après le 15 février
Bien gentiment, l'infirmière lui donne un papier avec un numéro de téléphone pour qu'il puisse rappeler après le 15 février et "à ce moment-là, peut-être vous pourrez avoir un rendez-vous pour mars, avril, mai, on ne sait pas", lui précise l'infirmière.
Mon médecin m’a dit qu’il avait plusieurs patients dans le même cas que moi, ils sont tous revenus avec la même carte et doivent rappeler à partir du 15 février. Il est complètement désolé lui aussi.
En attendant, Michel Delfour reste chez lui pour éviter d'attraper le virus "c'est dangereux pour moi", mais surtout consterné par la gestion de cette crise sanitaire.
Je pense que la France n’est pas bonne, normalement, nous sommes le pays le mieux médicalisé et à la sortie, on n’est pas foutu d’avoir un vaccin. C’est quand même lamentable, ce n’est pas bien géré. Dans les autres pays, ils vaccinent à tour de bras, pourquoi nous on le fait pas ?
Covid-19 : "Je ne crois pas que l'on est en train de cacher une pénurie de vaccin", Martin Hirsch, directeur Général de l'APHP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris)
— franceinfo (@franceinfo) January 20, 2021
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A Launaguet, près de Toulouse en Haute-Garonne, une famille de trois personnes normalement prioritaires n’a pas réussi non plus à se faire vacciner. Banquier à Toulouse, Thibaut Darne a 37 ans, ancien rugbyman, il mesure 1 mètre 90 et pèse 138 kilos, c’est une personne à risque qui est considérée comme "obésité sévère" avec un IMC (indice de masse corporelle) à 37.
"Mon médecin généraliste que je vois assez régulièrement, me conseille d’aller me faire vacciner. Je prends donc rendez-vous au CHU de Purpan à Toulouse".
J’ai la date pour la première injection qui était prévue ce jeudi 21 février dans l’après-midi. Il me demande de prendre le deuxième rendez-vous pour la deuxième injection dans les 28 jours pour valider le premier rendez-vous.
Thibaut Darne prend deux autres rendez-vous pour ses parents qui ont 70 ans avec "un peu d’hypertension artérielle".
L’hôpital de Purpan annule les rendez-vous
La veille de son rendez-vous pour la première injection, mercredi 20 janvier après-midi, il reçoit un appel et "on me dit que je ne suis pas dans les personnes ciblées dites vulnérables".
Deux autres appels concernant les rendez-vous de mes parents confirment qu’ils sont en rupture de vaccin et qu’ils recommenceront à prendre des rendez-vous et à vacciner probablement fin janvier, début février.
Reste plus qu'à attendre et de reprendre les rendez-vous sur les plateformes internet.
L’Etat conseille d’aller se faire vacciner mais en réalité, il n’y en a pas assez, c'est trompeur et très décevant, parce que l’on est à plus de 70 000 morts en France et que ça évolue de jour en jour.
Réservée jusque-là à certains publics prioritaires dont les résidents d'Ehpad ou les soignants de plus de 50 ans, la vaccination est désormais accessible à tous les 75 ans et plus (soit 5 millions de personnes) et à 800.000 personnes présentant des pathologies à "haut risque" (insuffisances rénales chroniques, cancer sous traitement).