Au lendemain du drame de Teruel, la novillada de ce dimanche à Tarascon a commencé par une minute de silence que les stridulations des cigales rendaient plus poignante encore. Elle s'est achevée par la sortie en triomphe de Tibo Garcia et Andy Younès.
Recueillis au moment de rendre hommage à Victor Barrio,que certains avaient vu toréer en "sans picadors "à Arles, les 900 spectateurs de Tarascon se sont passionnés pour le spectacle offert par les excellents novillos de la famille Jalabert (fers "La Gloria" et "Le Laget"). Petit, à petit, sans doute dans la perspective de la finale de foot du soir, ils se sont transformés en supporteurs réclamant à grands cris des trophées pour leurs protégés. Chaque club occupait d'ailleurs un secteur déterminé des gradins comme dans un stade.
Le président de la course, pas aussi serein qu'un arbitre de Coupe d'Europe, a distribué oreilles et tour de piste au toro sans qu'on comprenne exactement selon quels critères.
Andy Younès a coupé une puis deux oreilles. Mais si son aplomb et sa grâce "naturelle" séduisent toujours autant, il a donné l'impression d'être à court d'idée.
Adrien Salenc, aussi bien disposé qu'à Istres le mois dernier, a justifié tous les espoirs mis en lui. Il torée juste. Mais il a eu en partage les deux novillos les plus compliqués du lot. Ovation et vuelta pour lui.
Tibo Garcia a donné à "Astillero", n° 221, un novillo du Laget aux charges impeccables, la faena mesurée et bien construite dont on le savait capable. Mais qu'on n'avait pas encore vue. Deux oreilles et une oreille pour lui.
Les vueltas posthumes accordées ou refusées sans rime ni raison à deux novillos n'ont pas grande importance. Mais la novillada dans son ensemble, parfaitement typée, a donné beaucoup de jeu.
A 20 heures, les cigales restèrent seules dans la fan zone désertée. Leur chant sinistre répétait à l'infini le nom de Victor Barrio.