Dans nos tournages, il nous arrive de vivre un instant de grâce. Zocato raconte celui que nous a offert le torero Patrick Varin cet automne dans un village au sud du Portugal. Regardez bien la vitre devant laquelle est assis le maestro. On y voit le soleil se coucher et le reflet d'un avion…
Le matador Patrick Varin a partagé notre semaine de tournage en Espagne et au Portugal. Le vendredi 30 novembre de l’an de grâce 2018, à 12 heures 02 minutes et 31 secondes, la planète a basculé. Comment résumer en si peu de mots tant de grandeur ?
Je le tente pourtant.
D’abord, les faits : ganaderia lusitanienne de Calejo Pires, deuxième vache, pelage marron du Périgord, corpulente, fines aiguilles, moral en désordre à tendance retors. Troisième amenée au picador :
« Maestro Patrick », nous feriez-vous l’honneur de la placer face au cheval, demande Juan Leal ?
Patrick recule avec la vache. Deux capotazos aussi efficaces que discrets précéderont une demie véronique d’anthologie. Ce geste pour l’éternité du monde des Arts, ce panthéon pour l’immortalité du Toreo aura duré une seconde.
Au loin, un vol de nuit file vers le soleil couchant. A bord, les Curro Vázquez, Antoñete, Le Faraón, Fernando Cepeda, Pepe Luis Vázquez père et fils, Antonio Bienvenida, Victoriano de la Serna, Curro Puya, Morante de la Puebla, Manolo Escudero, Rafael « El Gallo » et autres immenses capeadors.
Même Juan Belmonte, que l’on disait un peu rapide dans ses demi-véroniques, a tenu à être-là pour ce chef-d’œuvre. Il était en liste d’attente mais a fini au dernier moment par trouver un siège.
Au chef de cabine, le « Divin Chauve » a ordonné de préparer une place en Business Class pour Patrick Varin.
Zocato.
P.S . : Malgré tous les efforts de notre formidable équipe technique, nous n’avons pu (zoom pas assez puissant) filmer chacun des passagers de ce vol de nuit venu contempler une telle ode à la beauté.