Bernard Laporte prend le temps, mais cela commence à presser: à un mois du prochain rassemblement du XV de France, le président de la Fédération française de rugby (FFR) devrait se prononcer avant dimanche sur l'avenir du sélectionneur Guy Novès et de ses adjoints.
L'horloge tourne, avec la perspective du début du Tournoi des six nations, le 3 février, pour lequel les joueurs seront rassemblés le 21 janvier à Marcoussis (Essonne).
Le groupe retenu sera lui annoncé quelques jours plus tôt, mais par qui? Novès ou un autre? A sa place ou à ses côtés?
Au départ, Laporte, qui avait fixé un objectif de 3 succès en quatre matches à Guy Novès lors des tests-matches de novembre, s'était donné "quinze jours pour trancher", après l'historique match nul le 25 novembre contre le Japon (23-23), survenu après six défaites de suite (dont cinq en test-matches). Il a finalement repoussé son verdict.
La décision devrait intervenir d'ici ce week-end: "Il (Laporte) se donne jusqu'à la fin de la semaine pour prendre une décision", a indiqué à l'AFP Fabien Pelous, membre du comité directeur de la FFR.
"Pas une décision légère à prendre"
L'ancien capitaine des Bleus, opposant à Laporte, reconnaît que "le temps presse, pour les résultats". "Plus on fera vite, mieux ce sera, estime-t-il. Qu'on instaure un nouveau staff ou qu'on conserve le même avec des prérogatives différentes."
Mais le recordman français des sélections (118) trouve néanmoins logique ce délai de réflexion: "Ce n'est pas une décision légère à prendre, ce n'est pas anodin de changer de staff à un mois du tournoi et deux ans de la Coupe du monde et pour avoir la meilleure vision possible, il est normal que Bernard Laporte prenne du temps."
D'autant que sa décision n'est pas facile à prendre: écarter le sélectionneur constituerait une première dans l'histoire du XV de France, et Novès, âgé de 63 ans, possède le plus beau palmarès du rugby français (dix championnats de France et quatre Coupes d'Europe à la tête du Stade Toulousain).
Et si jamais Laporte décidait de le remplacer ou d'"injecter du sang frais" dans l'encadrement, comme évoqué, encore faut-il trouver la personne idoine, en pleine saison.
En tout cas, il n'exclut aucune hypothèse, sauf de remettre le survêtement.
A la question de savoir s'il conserverait Novès, l'ancien sélectionneur des Bleus (2000-2007) et secrétaire d'Etat aux Sports (2007-2009) n'a pas franchement répondu à Midi Olympique le 11 décembre: "S'il suffisait de remplacer Pierre par Paul, je l'aurais fait au lendemain du Japon."
Le comité de sélection, officiellement supprimé fin 2012 sous le mandat de Philippe Saint-André mais dont l'existence n'était plus que formelle lors des baux de Laporte puis de Marc Lièvremont (2007-2011), pourrait également renaître de ses cendres:
"Pourquoi pas, tout est ouvert" a répondu le président.
"Pas le tribunal pour ou contre Novès"
Pour prendre sa décision, le président s'appuie sur l'audit effectué, à sa demande, par son bras droit Serge Simon, qui depuis début décembre s'est entretenu avec les présidents, entraîneurs voire préparateurs physiques de clubs pourvoyeurs d'internationaux, pour faire une radiographie des maux bleus.Dont le président de Clermont Eric de Cromières, sondé pendant environ une heure. Le but? "Evaluer pourquoi les résultats de ces joueurs rassemblés dans le cadre de l'équipe de France étaient moyens, alors que ces mêmes joueurs, à La Rochelle ou Clermont, font briller leur club", raconte-il.
"On n'a pas une équipe de France qui inspire de l'émotion, c'est assez plat, c'est l'état d'esprit qui est en cause. Et tout le travail de Bernard Laporte sera de déterminer si cet état d'esprit vient du staff, des joueurs, de l'environnement", embraye Pelous.
Pour autant, d'après le président du Stade Toulousain Didier Lacroix l'audit effectué n'avait pas vocation à être "le tribunal, comme certains médias peuvent le dire, pour ou contre Novès", qui présente le plus mauvais bilan pour un sélectionneur français à mi-mandat (quatorze défaites et un nul en vingt-deux rencontres). Et devrait donc être rapidement fixé sur son avenir.