Six personnes et trois entreprises soupçonnées d'avoir exploité "dans des conditions indignes" une centaine d'ouvriers dans le vignoble champenois comparaîtront en novembre devant la justice à Reims.
Les prévenus, qui seront jugés les 7 et 8 novembre devant le tribunal correctionnel, sont notamment soupçonnés de "travail dissimulé aggravé et recours au service d'une personne exerçant un travail dissimulé aggravé", "emploi d'étrangers sans titre", "conditions d'hébergement indigne" et "traite d'êtres humains".
Menées par les gendarmes de la section de recherches (SR) de Reims, de l'Office Central de lutte contre le travail illégal (OCLTI) et des groupements départementaux de la Marne et de l'Aube, les investigations avaient abouti du 18 au 20 juin au placement en garde à vue de 10 personnes, "dont les responsables des sociétés sous-traitantes et viticulteurs ayant employé cette main d'oeuvre". 338.000 euros d'avoirs criminels ont par ailleurs été saisis.
"Aucune maison de champagne n'a été mise en cause pénalement dans le présent dossier", ont cependant précisé le parquet de Reims et la gendarmerie nationale dans un communiqué commun. L'affaire a débuté en août 2018 à la suite d'un contrôle du comité opérationnel départemental anti-fraude (Codaf) de la Marne sur une société prestataire viticole basée à Oiry, près d'Epernay. Celle-ci est accusée d'avoir exploité "dans des conditions indignes plus d'une centaine de personnes mises à disposition de viticulteurs des départements de la Marne et de l'Aube", indique le communiqué.
Selon le récit des enquêteurs de l'OCLTI, ces ouvriers viticoles, dont certains se trouvaient en situation irrégulière, étaient soumis à des cadences quotidiennes éprouvantes et percevaient une rémunération "insignifiante". Certains d'entre eux ne recevaient même aucun salaire. Logés à 15 ou 20 dans une même pièce, sans eau chaude, dormant sur un matelas ou à même le sol, leurs conditions d'hébergement étaient "indignes", selon le communiqué. Venus de Paris, Amiens ou Chartes, ces ouvriers étaient parfois recrutés dans des campements de migrants, précise-t-on à l'OCLTI.