Une chercheuse refuse la Légion d'honneur décernée par la ministre du Logement Cécile Duflot pour dénoncer l'"indifférence" qui touche la santé au travail et l'impunité des "crimes industriels".
Dans une lettre adressée à la ministre, rendue publique samedi, Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l'Inserm, demande à la ministre d'intervenir pour "la remise en cause de l'impunité qui, jusqu'à ce jour, protège les responsables de crimes industriels".
Ce lundi, Annie Thébaud-Mony est l'invitée du 19/20 de France 3 Ile de France.
Voici quelques extraits de la lettre adressée à la ministre "Je ne fais pas ce geste contre Mme Duflot", précise la présidente de l'association Henri Pézerat (santé, travail, environnement) qui déplore que la crise économique occulte la santé des travailleurs et les questions environnementales.
"Ma démarche se veut un appel à la mobilisation citoyenne, mais aussi parlementaire et gouvernementale, pour le respect des droits fondamentaux à la vie, à la santé, à la dignité".
"Nous voulons être pris au sérieux lorsque nous donnons à voir cette dégradation des conditions de travail (...), le drame des accidents du travail et maladies professionnelles, mais aussi l'accumulation des impasses environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques..."
"Cessons les vraies fausses controverses sur les faibles doses. Des politiques publiques doivent devenir le rempart à la mise en danger délibérée d'autrui, y compris en matière pénale", dit-elle dans sa lettre à Mme Duflot.
Cette spécialiste, également porte-parole de Ban Asbestos France, évoque par ailleurs "la sous-traitance et le transfert des risques vers des populations très précarisées (maintenance, nettoyages, gestion des déchets)". Un thème qu’elle a développé dans un rapport de l'Inserm L'industrie nucléaire. -Sous traitance et servitude.
La chercheuse dont la carrière a été "bloquée pendant dix ans", plaide pour qu'enfin la recherche sur l'exposition aux cancérogènes au travail soit dotée des moyens financiers publics nécessaires et que les jeunes chercheurs qui s'y adonnent cessent d'être maintenus dans un statut précaire.