Entretien avec Christophe Caresche, un des signataires de l'appel des députés PS pour que la promesse du droit de vote des étrangers aux élections locales soit mise en oeuvre.
Lundi 17 septembre, 75 élus socialistes ont lancé un appel dans le journal "Le Monde" pour que le droit de vote des étrangers non-communautaires aux élections locales soit discuté au Parlement. C'était la 50 ème promesse du candidat François Hollande. Mais pour Manuel Valls, ministre de l'intérieur, elle ne semble plus d'actualité. Certains s'en émeuvent. Entretien avec Christophe Caresche, député de Paris et un des signataires. "Il est vivement souhaitable que ce projet dangereux reste, comme tant d'autres, une promesse non tenue du président Hollande et, s'il devait être relancé, un référendum serait évidemment un impératif pour un tel bouleversement de notre conception de la nation", écrit la jeune femme qui milite dans les Hauts-de-Seine à Nanterre, et auteur l'année dernière du livre "Pourquoi les banlieues sont de droite ?"
Pourquoi avoir lancé cet appel ? Est-ce que vous craignez que François Hollande laisse tomber cette promesse de campagne ?
Christophe Caresche : Pour l'instant, on a des indications, pour le moins contradictoires. On a voulu avec cet appel à réaffirmer notre attachement à cette réforme et notre volonté de la mettre en oeuvre dans le mandat qui vient. On n' a pas entendu que cette réforme était inscrite à l'agenda du changement, présenté par le président lors de son interview sur TF1. Aujourd'hui, il y a un doute quand on entend Manuel Valls. On sait en plus que l'attribution du droit de vote aux étrangers aux élections locales est le genre de réforme que l'on fait rapidement et pas à la fin d'un mandat en période pré-électorale.
Manuel Valls estime qu'un référendum sur cette question pourrait diviser l'opinion en France. Partagez-vous cette opinion ?
Je ne suis pas favorable à un référendum. Je pense qu'on peut essayer la voie parlementaire. On nous objecte, que la gauche n'a pas la majorité des 3/5 pour voter la loi en Congrès (réunion des sénateurs et des députés ndlr). C'est vrai , il nous manque 32 voix, mais je pense qu'il pourrait y avoir au moins des consultations pour voir si certains élus au centre, ne soutiendraient pas. Je ne crois pas qu'il faille se résoudre au fait qu'il n'y ait pas de majorité.On pourrait très bien avoir une lecture au Sénat et une lecture à l'Assemblée. Le texte serait sans doute voté. Reste le problème de la majorité des 2/3, mais on pourrait au moins engager le processus.
Est-ce que ce serait grave si la majorité ne respectait pas cette promesse de campagne ?
Ca serait très décevant, si cette proposition n'était pas faite pendant ce mandat. Ca fait très longtemps que la gauche fait cette proposition. Il y a un moment où on a un problème de crédibilité. Si on ne l'a fait pas, les gens ne nous croirons plus.Soit on la fait, soit on ne la fait pas. On ne peut pas maintenant tergiverser. Cet engagement a été pris dans le cadre d'une campagne présidentielle, il doit être appliqué.
L'UMP réclame un référendum sur le droit de vote des étrangers
De son côté, l'UMP se félicite des déclarations de Manuel Valls qui considère que la question du droit de vote des étrangers n'est "une revendication forte de la société française".
"François Hollande donne raison à Nicolas Sarkozy grace à Manuel Valls", ecrit dans un communiqué Rachida Dati, maire du VII ème arrondissement.
Toujours par communiqué,Camille Bedin, secrétaire nationale de l'UMP, "exige" un référendum sur le droit de vote des étrangers aux élections locales si le gouvernement s'engage dans la voie de cette promesse de campagne de François Hollande.