Rachida Dati a assuré au JDD qu'elle serait "sans doute" candidate à la candidature pour être la tête de liste de l'UMP aux municipales de 2014 à Paris. Elle n'est pas la seule. Tour d'horizon des postulants.
Officiellement, à l'UMP, personne n'est encore candidat à la mairie de Paris. Mais beaucoup y pensent, en se rasant ou en se maquillant. Pour l'instant, ils sont six à avoir déclaré,mine de rien, leur disponibilité et leur interêt. Six qui occupent trois positionnements différents. Vous l'avez compris. Il y a duel à tous les étages.
1) Les nouvelles: Rachida Dati contre Chantal Jouanno
C'est un des matchs dans le match. Non, parce qu'elles sont des femmes, même si cela ne nuit pas à une image de renouvellement qu'elles ne manqueront pas de mettre en avant. Mais parce qu'elles sont toutes les deux de la même génération. Quadragénaires incarnant plus ou moins une image de modernité et d'indépendance dans leur camp.
Cet aspect générationnel a son importance. Pour la droite, la reconquête de Paris s'annonce très difficile. Et il faudra miser sur plusieurs élections pour l'accomplir. A l'image de Bertrand Delanoë, candidat une première fois en 1995, avant de l'emporter en 2001. Leur "jeunesse" est un atout majeur.
Rachida Dati est une pro-Copé et Chantal Jouanno une pro-Fillon. Cela les différencie. Mais ce qui les rapproche, c'est leur isolement au sein même de leur propre camp. La sénatrice de Paris se déclare prête à se présenter y compris contre François Fillon, qu'elle soutient pourtant pour la présidence de l'UMP. Quant à la maire du VII ème, si elle a pu trouver quelques alliés de circonstance au moment de son combat contre la venue de l'ancien premier ministre dans sa circonscription aux législatives, il n'est pas certain que ces alliances perdurent en cas de renoncement de François Fillon de se présenter à l'Hotel de Ville.
2) Les revanchards: Claude Goasguen contre Pierre Lellouche
Claude Goasguen comme Pierre Lellouche, ont récemment fait part de leur désir de candidature. Autre match dans le match. Tous deux ont été candidats à la candidature pour conduire la liste UMP aux municipales de 2008. Mais c'est Françoise de Panafieu qui a été désigné dans le cadre d'une primaire interne aux adhérents UMP de la capitale. Ils se sont reprochés mutuellement d'etre responsables de leur défaite respective.
Ces municipales 2008 furent d'autant plus douloureuses pour Pierre Lellouche qu'investi officiellement dans le VIII ème arrondissement, il fut battu par la liste dissidente du maire François Lebel qui ne voulut pas laisser sa place.
Pour 2014, ils souhaitent prendre leur revanche. Leur candidature précédente est à la fois un atout, (expérience d'une campagne locale, programme déjà établi) et un handicap (combat de trop, replongée de l'UMP Paris dans ses années grises de la défaite).
Dans le cadre d'une primaire ouverte à la population parisienne, ils savent qu'ils ont peu de chance. Mais ils ont un petit créneau, si les grands noms renoncent face à la difficulté du combat. Au pire, ce serait un baroud d'honneur dans leur carrière politique, au mieux une divine surprise.
3) Les poids lourds: François Fillon contre Jean-Louis Borloo
Dernier match dans le match. Les deux hommes ne s'apprécient guère. Ils furent rivaux pour Matignon à l'automne 2010.
La candidature de François Fillon à la mairie de Paris, préparée par son parachutage aux législatives est suspendue à la campagne pour la présidence de l'UMP. Elle dépendra sans doute du résultat, même si la piste municipale semble refroidir au gré des confidences ou d'interventions publiques toujours sybillines de l'ancien premier ministre. Mais il ne faut pas encore en écarter l'hypothèse, surtout en cas de défaite face à Jean-François Copé, car alors François Fillon devra trouver les moyens de rebondir.
La candidature est également incertaine pour Jean-Louis Borloo. Officiellement, toute son énergie est consacrée à la création de l'UDI, la grande fédération des partis centristes. S'il doit manifester son désir pour Paris, ce devrait être au début de l'année 2013. Mais en attendant,en coulisses, les centristes de la capitale alimentent la rumeur de sa venue.
Cette rumeur est un running gag de toute élection municipale à Paris depuis 2001. Mais à chaque fois, l'ancien maire de Valenciennes ne lui a jamais octroyé une once de réalité. Peut-il en être autrement cette fois-çi ? Possible. Car des élus UMP, en opposition à la ligne majoritaire de la fédération parisienne, aussi souhaitent la venue de Jean-Louis Borloo dont la personnalité, selon eux, pourrait plaire à la sociologie électorale parisienne. S'il est peu probable qu'il affronterait François Filllon, la non-candidature de ce dernier laisserait presque un (grand) boulevard à Jean-Louis Borloo. Dans le cadre d'une primaire ouverte à droite et au centre-droit, il aurait ses chances face à un candidat UMP. Il pourrait ainsi s'imposer malgré des réticences de l'appareil du parti.
Mais aura-t-il envie de ce combat compliqué ? Et que peut lui apporter dans la perspective d'une candidature à la présidentielle de 2017 ?