Mercredi en fin d'après-midi une série d'incidents techniques a fortement perturbé le trafic ferroviaire au nord de Paris. 50 000 voyageurs ont été immobilisés et deux conducteurs de le SNCF agressés par des usagers en colère.
Une pierre a été lancée sur la cabine de pilotage, brisant une vitre sans toucher le conducteur à l'intérieur, qui n'a subi aucun dommage, mais un second agent de conduite a été légèrement blessé lors d'une altercation avec un voyageur qui lui a asséné des coups au visage. L'homme, brièvement hospitalisé, a pu rentrer chez lui peu après.
Le trafic des RER, des trains de banlieues, des grandes lignes, y compris internationales, au départ de la gare du Nord à Paris a été fortement perturbé. Pour la SNCF, la paralysie du réseau est due à une succession d'incidents qui ont "fait boule de neige". Les accrocs ont commencé vers 17H45 avec un problème d'alimentation électrique en Seine-et-Marne, puis ont été aggravés par la descente intempestive sur les voies de voyageurs impatients.
Le ministre des transports Frédéric Cuvillier, qui a révélé jeudi ces informations, a tenu à "exprimer sa solidarité à la fois aux agents de conduite et aux passagers ayant vécu ces heures difficiles". Le ministre a demandé au président de la SNCF Guillaume Pépy de lui adresser rapidement un rapport détaillé, tout en mettant en cause "la présence de personnes disséminées sur les voies". "Ces initiatives isolées qui se sont produites en cascade ont entraîné de lourdes conséquences pour tous, bien au-delà de la panne initiale".
Mis en cause, les usagers estiment que les perturbations sont "la démonstration spectaculaire d'un réseau à bout de souffle".
"La SNCF a une communication qui consiste à mettre l'accent sur le fait que les usagers sont descendus sur les voies, mais il faut s'intéresser au problème de départ: un défaut de maintenance" "inhérent à la SNCF", a dit le porte-parole de l'association des voyageurs-usagers du chemin de fer (Avuc) Willy Colin.
Des retards, il y en a tous les jours mais là c'était vraiment abuser. Même les chauffeurs n'étaient pas tenus au courant de la situation", témoigne Christiane, qui a mis plus de six heures pour arriver chez elle contre une demi-heure normalement. "A la sortie du tunnel de la gare du Nord, notre train s'est arrêté. Quatorze trains étaient immobilisés. Ce sont les agents SNCF qui ont demandé aux passagers parfois avec des enfants de descendre sur les voies", raconte Christiane. "Il fallait voir tout ce beau monde sur les rails. Au bout d'un moment, il y avait trop de gens sur les voies alors on nous a demandé de rester dans les wagons", ajoute cette assistante maternelle.
Environ 3,6 millions de Franciliens empruntent les cinq lignes du réseau express régional (RER) qui s'étend sur 587 km de voies.
Le réseau est souvent saturé, avec un nombre de voyageurs en augmentation de 30% en dix ans. Son trafic connaît des perturbations régulières. Désormais, au moindre incident ou grève, les voyageurs empêchés descendent sur les voies, obligeant la SNCF à interrompre par sécurité la circulation.