De nombreux blocs opératoires resteront fermés ce lundi. Les chirurgiens des cliniques privées et les internes des hôpitaux publics se mobilisent pour défendre la médecine libérale qu'ils estiment menacée.
La grève des chirurgiens libéraux, à l'initiative du Bloc, syndicat majoritaire chez les spécialistes de bloc opératoire, va concerner 70% des cliniques privées, soit environ 700 établissements selon la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP).
Les interventions chirurgicales ont été le plus souvent déprogrammées. Pour les urgences, des patients seront dirigés vers les hôpitaux. "Les hôpitaux seront tout à fait à même d'accueillir les malades", avait assuré dimanche la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
A l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP, 37 établissements), on indiquait que "certains services ont prévu de déprogrammer des activités, notamment des interventions chirurgicales" mais que les urgences seront assurées au besoin par la réquisition de médecins.
A l'origine de ce mouvement de grève, l'accord encadrant les dépassements d'honoraires, signé le 25 octobre, par les trois premiers syndicats de médecins libéraux, généralistes et spécialistes (CSMF, SML, MG France). Celui-ci prévoit une procédure de sanctions pour les praticiens aux tarifs abusifs.
Marisol Touraine « ma porte est ouverte »
"C'est un bon accord", a réaffirmé pour sa part Mme Touraine lundi, tout en maintenant sa "porte ouverte". Mais elle a également indiqué qu'elle était prête à "regarder comment peser sur les assurances que contractent les chirurgiens", "de plus en plus chères", même si, selon la ministre, il y a "peu de procès, beaucoup moins que ce que l'on imagine".
Le président de l'Union des chirurgiens de France Philippe Cuq l'a répété lundi sur Europe 1: "Il faut à tout prix changer cet accord car il n'a pas pris en compte les spécificités de la chirurgie et de l'anesthésie". Il a réclamé "le recours à des compléments d'honoraires" qu'il a distingué des "dépassements d'honoraires".
Le mouvement concerne les conditions de travail et la liberté d'installation
Du côté des hôpitaux, le mouvement des internes et chefs de cliniques porte sur les conditions de travail et la liberté d'installation des futurs médecins. A l'appel du syndicat des internes Isnih et de celui des chefs de clinique Inscca, ces futurs médecins ont choisi d'organiser leur propre mouvement.
Dimanche, Mme Touraine a voulu rassurer les internes en rappelant que, malgré les "rumeurs", le gouvernement "n'a pas la moindre intention de remettre en cause la liberté d'installation des médecins". Ils défileront lundi à Paris de la gare Montparnasse au ministère de la Santé (7e).
AP HP en chiffres
Premier groupe hospitalier en France avec 37 hôpitaux, regroupés en 12 groupes hospitaliers, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) emploie près de 3.000 chirurgiens et 1.000 médecins anesthésistes.