Une jeune femme qui accuse la pilule de troisième génération d'être à l'origine de son handicap a décidé de porter plainte contre le groupe pharmaceutique Bayer, qui commercialise ce médicament.
La jeune femme, qui a subi un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2006, et se trouve depuis lourdement handicapée, porte plainte pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine" contre le directeur général de Bayer Santé, a précisé son avocat Me Courtois, confirmant une information du journal Le Monde.
La plainte, qui doit être déposée vendredi auprès de la procureure de Bobigny (Seine-Saint-Denis), vise aussi le directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui n'a pas demandé le retrait de cette pilule du marché, "malgré le principe de précaution", a ajouté l'avocat.
Selon Me Jean-Christophe Coubris, qui défend également la jeune femme, il s'agit de la première plainte au pénal en France contre une pilule contraceptive.
"Cette pilule ne sert strictement à rien, et elle est dangereuse. Il faudra qu'on nous explique un jour pourquoi elle a été remboursée", a-t-il dénoncé.
"Elle a fait son AVC seulement trois mois après avoir commencé à prendre la pilule mais elle a été sauvée, c'est une miraculée", a expliqué par téléphone à l'AFP André Larat, le père de la jeune femme âgée aujourd'hui de 25 ans.
Selon lui, "il n'a jamais été proposé à Marion un dépistage de facteur de coagulation avant le prise de la pilule. Le protocole veut aussi qu'on lui demande ses antécédents familiaux et ça n'a pas été fait", regrette-il, rappelant qu'elle est aujourd'hui "épileptique, aphasique et handicapée à 65%".
"Son quotidien est un cauchemar: elle est fatigable au dernier degré, souffre de crampes. Mais elle vit seule depuis un an, avec une personne qui vient l'aider", a-t-il ajouté, soulignant "l'importance d'une telle plainte au pénal".
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé mi-septembre la fin du remboursement par la Sécurité sociale des pilules contraceptives dites de troisième génération.
Ce déremboursement ne prendra cependant effet qu'à compter du 30 septembre 2013. Cette décision avait été prise après les conclusions rendues par la Commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS) qui a estimé insuffisant le service médical rendu (SMR) de ces pilules et relevé, selon le ministère, "un risque de complications thrombo-veineuses (les phlébites), deux fois plus élevé que chez les femmes sous pilules de 2e génération".
"Ce risque reste toutefois très faible, de 3 à 4 cas pour 10.000 utilisatrices", selon le ministère.
Entre 1,5 et 2 millions de femmes utilisent aujourd'hui une des nombreuses pilules de 3e génération sur le marché, dont la moitié ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale. Les pilules de 3e génération contiennent de nouveaux progestatifs, notamment le gestodène ou le désogestrel.