Mélanie Tarlant, notre "rédactrice en chef du jour" pousse un coup de gueule contre nous, les journalistes. Elle en a assez de cette forme d'autocensure qui consiste - chaque fois que nous parlons de vin, de bière ou d'alcool - à ajouter la formule "A consommer, bien sur, avec modération ...!"
Tenez, pour commencer, juste un exemple saisi pendant ce salon de l'agriculture !
Montrer des gens en train de boire du vin ou de la bière ... Évoquer ne serait-ce qu'à mots couverts une boisson alcoolisée et je ne parle même pas de citer le nom d'un breuvage au degré d'alcool significatif ... Oh non ... Surtout pas !
Dans tous les cas, c'est toujours "A consommer avec modération" !
Moderato ma cantabile !
En déplacement professionnel à l'autre bout du monde, c'est par téléphone que Mélanie Tarlant pousse son "coup de gueule. Pour elle, le vin est constitutif de la culture française et nous avons tort d'en faire un tel sujet de controverse, même si la modération - comme en toute chose - reste nécessaire.
La loi et les directives du CSA
Il faut savoir que la loi Evin adoptée en 1991 (voir encadré ci-dessous), a instauré un certain nombre de mesures de prévention concernant le tabagisme et l'alcoolisme. C'est principalement - dans le cas qui nous occupe - des limitations sur le droit de faire de la publicité pour les boissons alcoolisées.La loi stipule également que la mention sanitaire « à consommer avec modération » doit être affichée de manière visible sur les publicités ainsi que sur les étiquettes et/ou emballages d’alcool.
Pour les médias audiovisuels (TV et radio), cela s'est traduit - hors tout contexte publicitaire - par l'énnoncé systématique de cette formule, chaque fois qu'une boisson alcoolisée est évoquée - même à demi-mot - dans le cadre d'un bulletin ou d'une édition d'information. N'est-on pas allé un peu trop loin ?
Pour ce qui concerne l'audiovisuel, le CSA a précisé ses recommandations dans sa délibération du 17 Juin 2008 relative à l'exposition des produits du tabac, des boissons alcooliques et des drogues illicites à l'antenne:
Il y précise, entre autres :
"Sous réserve du respect de ces conditions de présentation, le Conseil admet ainsi que ne sont pas constitutifs d'une publicité indirecte ni d'une propagande :
- les reportages évoquant directement ou indirectement la production d'alcool, notamment le vin, dans la mesure où l'oenologie et la viticulture relèvent du patrimoine national ;
- l'information sur des événements saisonniers à forte notoriété tels que la mise en vente du « Beaujolais nouveau » ;
- la référence ponctuelle à des boissons alcooliques dans une émission consacrée à la gastronomie, soit parce qu'elles constituent un des ingrédients d'une recette, soit pour orienter le choix des vins qui conviennent le mieux au menu envisagé."
Mais il précise également, sans en faire une obligation :
"Afin de veiller à la santé publique, le Conseil incite fortement les services de télévision et de radio diffusant de tels programmes à sensibiliser les auditeurs et téléspectateurs aux dangers que représente l'abus d'alcool pour la santé, en leur indiquant que l'alcool doit être consommé avec modération".
Alors ? Application "volontariste" d'une directive finalement pas aussi contraignante que cela ou acte involontaire d'autocensure de la part des journalistes ?
Cela mérite réflexion !
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La loi du 10 janvier 1991 (dite loi Évin)
QUE PRÉVOIT LA LOI ?-
La production, la vente et l'usage des boissons alcoolisées sont réglementés.
- La réglementation du commerce des boissons alcoolisées repose sur une classification des boissons. Elle régit tout débit de boisson où l'on consomme sur place.
Quiconque fait boire un mineur jusqu'à l'ivresse commet un délit.
Il est interdit de vendre ou d'offrir à des mineurs de moins de 16 ans des boissons alcoolisées (dans les débits de boissons, les commerces et lieux publics).
La loi du 10 janvier 1991 interdit :
- La publicité pour des boissons alcoolisées dans la presse pour la jeunesse et la diffusion de messages publicitaires à la radio le mercredi, et les autres jours entre 17 heures et 24 heures ;
- La distribution aux mineurs de documents ou objets nommant, représentant ou vantant les mérites d'une boisson alcoolisée ;
- La vente, la distribution et l'introduction de boissons alcoolisées dans tous les établissements d'activités physiques et sportives (l'ouverture d'une buvette lors d'une manifestation sportive peut toutefois être délivrée sur autorisation).