Pierre-Yves Bournazel a tenu mercredi 15 mai une réunion publique au Bus Palladium. Il a promis d'être "l'immense surprise de la primaire". A 15 jours du vote, il doit changer de statut. Après le pari de la notoriété, gagner celui de la crédibilité.
"Qui est in , qui est out.... c'est au bus palladium que cela s'écoute", chantait Serge Gainsbourg.
Avant-garde
Dans l'antre de la jeunesse sixties, Pierre-Yves Bournazel a entonné l'air du "Ye-Ye, we can".
"Nous sommes dans un lieu où les nouvelles tendances parisiennes se sont dessinées. Nous sommes peut-être une candidature d'avant-garde", proclame l'élu du XVIII ème impliquant les deux-cent soutiens environ (pas un chiffre exact mais une jauge approximative) présents dans la salle. "Nous sommes en train de créer une immense surprise", poursuit-il à la tribune. La voix est cassée. Cela sent la fin de campagne. Pourtant il reste quinze jours.
"C'est un moment clé et délicat pour lui. Il est maintenant le seul candidat qui a un enjeu avec NKM " confie son entourage, expliquant que le première objectif a été atteint: se faire connaître et s'imposer comme le challenger de la favorite.
"Tu as mis ta cravate de chez Ruquier", plaisante-t-on dans son équipe jeune. "C'est dans l'émission de France 2 qu'il a été le meilleur. Les retombées ont été fantastiques. Mais il a été moins présent dans le débat sur LCI/LCP", évoque son entourage. La peur de gagner et surtout l'effet de surprise qui se dissipe et le resserrement entre les candidats qui ont rattrapé leur retard sur Bournazel, le premier à s'être déclaré.
Roman personnel
Pierre-Yves Bournazel doit donc changer de braquet. Il s'y est employé hier, dans un discours fleuve écrit, où comme les grands (c'est à dire les candidats à la présidentielle),il a livré son roman personnel. Celui d'un provincial, pétri de lectures humanistes monté dans la capitale et qui a confronté celles-ci à la dure réalité d'une métropole moderne et s'est ainsi forgé ses convictions et son ascension en homme sans réseaux (suivez mon regard du côté de Longjumeau).
"Je me suis construit comme vous, je me suis construit avec vous , je me suis construit pour vous", explique-t-il à la tribune. Un discours également qui tente de balayer en filigrane les critiques sur son inexpérience. Après tout, il n'est que conseiller municipal d'opposition et conseiller régional. Il n' a aucune responsabilité publique. C'est son point faible. Le portrait psychologique vient donc remplir les cases vides du CV.
Le moment du combat
"C'est le moment de vérité", assène son amie Géraldine Poirault-Gauvin, élue du XV ème. Le moment du combat aussi qu'il est allé chercher contre NKM. Les porte-parole de la candidate l' ont attaqué dans un communiqué sur sa position ambiguë sur le mariage gay.
"La fièvre commence à gagner les autres camps. On commence à ne pas être gentil. C'est un bon signe cela", poursuit Géraldine Poirault-Gauvin.
Jusqu'içi, Nathalie Kosciusko-Morizet souhaitait faire une campagne sans le soutien trop visible de l'appareil parisien, mais consciente du danger d'un second tour éventuel, elle va s'appuyer sur les grands élus de la capitale. François Fillon vient de réaffirmer publiquement son soutien à son ancienne ministre.
Et Pierre-Yves Bournazel doit aussi regarder du côté de Jean-François Legaret qui engrangerait le soutien des opposants au mariage gay.
"Il est bien ce petit", juge un couple de retraité en s'éloignant du Bus Palladium. Avis sympathique mais qui pose les limites de la candidature Bournazel.
En quinze jours, il va devoir accomplir la trajectoire d'un Hallyday en 40 ans. Passer de l'invité timide de Line Renaud au champion du stade de France. De l'espoir ye-ye au boss.
(ok la métaphore est un peu exagérée mais vous avez compris le sens)