Le Premier ministre a demandé ce samedi 8 juin 2013 au ministre de l'Intérieur Manuel Valls "d'engager immédiatement" une procédure en vue de la dissolution des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR).
Le Premier ministre a demandé samedi au ministre de l'Intérieur Manuel Valls "d'engager immédiatement" une procédure en vue de la dissolution des des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) après la mort de Clément Méric. Le leader du mouvement Serge Ayoub n'a pas manqué de réagier, soulignant que ce mouvement "n'a pas d'existence légale" et qu'il "n'est pas impliqué" dans la mort de Clément Méric.
"C'est bizarre, ils ne sont pas impliqués dans l'affaire", a déclaré Serge Ayoub à l'AFP. Les JNR, "ça n'a pas de statut, pas de structure juridique, ça n'existe pas", dit-il. "En voulant mettre en pièces l'extrême droite, Ayrault met en pièce l'intelligence", ajoute-t-il.
Les cinq personnes impliquées dans la bagarre à l'issue de laquelle est mort le jeune militant anti-fasciste Clément Méric ont reconnu être sympathisantes de Troisième Voie. Troisième voie est un groupuscule d'extrême droite lancé en 2010 par M. Ayoub. Les JNR sont une sorte de service d'ordre de ce groupuscule, composé de vingt à trente militants, tout de noir vêtus, et qui arborent parfois une devise héritée des fascistes italiens: "Croire, obéir, combattre".
"Par pitié, Monsieur Ayrault, soyez à la hauteur. Je sais qu'il est très difficile pour un socialiste d'avoir un peu de cerveau", a réagi M. Ayoub, alias "Batskin", ancien chef des skinheads d'extrême droite parisiens. M. Ayoub a indiqué qu'il donnerait une conférence de presse samedi à 16H00 dans le local où se réunissent les militants des groupuscules qu'il dirige, dans le XVe arrondissement.
"On est sur les JNR au-delà de ce qui s'est passé" mercredi à Paris, a expliqué à l'AFP un conseiller de M. Ayrault, pour qui, concernant les JNR, "les conditions, très restrictives, pour engager une procédure contradictoire de dissolution sont réunies". Des éléments de renseignement laissent notamment penser, selon cette source, que les JNR étaient en passe de constituer un "groupe de combat", ce qui ouvre la voie à une éventuelle dissolution.
Le gouvernement s'appuie sur l'article 212.1 du Code de la Sécurité intérieure visant les mouvements prônant la "discrimination, la haine, la violence envers une personne ou un groupe de personnes". Issu de la loi sur les ligues votée en janvier 1936, ce texte cible en particulier les "groupes de combats" et les "milices privées". Il recense aussi des cas de dissolution des groupes qui "provoquent à des manifestations armées dans la rue", "qui ont pour but (...) d'attenter par la force à la forme républicaine du gouvernement" ou qui "provoquent la discrimination, à la haine et à la violence" raciste ou religieuse.
C'est le ministère de l'Intérieur qui va piloter cette procédure contradictoire. Les JNR auront "une dizaine de jours", selon Matignon, pour faire des objections aux éléments dont dispose l'Etat. L'éventuelle dissolution sera ensuite prononcée par décret du chef de l'Etat présenté en Conseil des ministres.
Concernant Troisième voie, le gouvernement poursuit "l'examen des conditions dans lesquelles ce groupe, comme d'autres, pourraient faire l'objet de la même procédure", selon l'entourage de M. Ayrault.
Cette procédure de dissolution s'ajoute à une liste de près d'une soixantaine d'organisations ou groupes politiques dissous par le pouvoir depuis 1958.
La dernière dissolution remonte à 2012 et concernait un groupuscule islamiste, Forsane Alizza ("Les Cavaliers de la Fierté"). L'utilité d'une telle procédure est toutefois contestée. Des militants d'Unité radicale, un groupuscule néo-nazi dissout après la tentative d'assassinat de Maxime Brunerie contre Jacques Chirac en 2002, s'étaient ainsi rassemblés par la suite au sein d'un nouveau groupe, Bloc identitaire. "Même si vous coupiez une branche de l'arbre, vous n'empêcheriez pas la sève de monter", a prévenu jeudi le président des Jeunesses nationalistes, Alexandre Gabriac.