Taxer l'hôtellerie de luxe pour financer les "colos" : nouveau coup porté au tourisme ?

L'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie a averti mercredi que la taxe sur l'hôtellerie de luxe, envisagée pour financer les colonies de vacances menacées par une baisse de fréquentation, constituerait "un nouveau coup" pour le tourisme en France.

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Hervé Becam, vice-président de l'Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) pense "qu'il s'agirait d'un nouveau coup porté à l'attractivité de la France, où l'hôtellerie est concurrencée très sérieusement par l'hôtellerie de qualité des pays émergents",

Un rapport parlementaire publié mercredi propose notamment une taxe sur l'hôtellerie de luxe, pour financer les colonies de vacances, de moins
en moins fréquentées et devenues trop chères pour les classes moyennes.

Le vice-président de l'Umih s'est inquiété de cette mesure envisagée: "Pourquoi ce texte alors que l'hôtellerie va passer de 7% à 10% de TVA au 1er janvier 2014, après être passée de 5,5 à 7% au 1er janvier 2012?". Il a rappelé qu'un amendement avait déjà été présenté en novembre au Sénat, avant d'être retoqué par le gouvernement.

Une taxe sur les nuits d'hôtel au delà de 200 euros, prévue pour financer une aide exceptionnelle pour une catégorie de retraités en difficulté, avait été adoptée au Sénat en novembre dans le cadre du budget 2013.

Et en novembre 2011, une taxe de 2% sur les nuitées d'hôtel de luxe à plus de 200 euros la nuit, qui avait été instaurée début septembre lors du premier plan de rigueur du gouvernement, avait été supprimée à l'Assemblée lors de l'examen du budget rectificatif de fin d'année.

Le rapport parlementaire d'information sur "l'accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs", dont le rapporteur est le député PS de Loire-Atlantique Michel Ménard, constate une désaffection pour ces séjours organisés principalement par des associations et, dans une moindre mesure, par des collectivités.

Les "colos" ont connu leur "âge d'or" de l'après-guerre aux années 60. A l'époque, l'Etat encourageait les départs "du plus grand nombre possible d'enfants d'âge scolaire", pour un mois de colonie d'été, souligne le rapport de la mission présidée par la députée UMP du Doubs Annie Genevard.

Concurrencées par des offres commerciales, trop chères pour les classes moyennes, les colonies de vacances connaissent une baisse continue de leur fréquentation et sont menacées. Alors que trois millions de jeunes de 5 à 19 ans, soit 25% de cette classe d’âge, ne partent jamais en vacances, la mission parlementaire sur «l’accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs» a constaté un «effondrement» de la fréquentation des colonies de vacances depuis 1995.

Parmi les causes de cette désaffection, le rapport cite le coût des séjours, "devenus trop chers pour les classes moyennes". Le prix d'une semaine de vacances en colonie est de 400 à 600 euros par enfant, avec un coût moyen à la journée de 63 euros, comparé à 10-15 euros par jour pour les séjours de scoutisme, et 35 euros pour une journée en centres aérés. Les colonies de vacances sont donc aujourd'hui plutôt fréquentées par des enfants de milieux aisés, ou issus de familles aidées par un comité d'entreprise, une municipalité ou les services sociaux.

Le rapport préconise également d’élargir les chèques-vacances aux salariés des petites entreprises, de mettre en place un système de label pour les modèles de colonie les plus innovants et d’intervenir auprès de la SNCF pour obtenir des tarifs préférentiels. Afin que "les jolies colonies de vacances" chanté par Pierre Perret et toute une génération puissent bel et bien recommencer tous les ans.


>> Découvrez le reportage de Sébastien Thomas et de Pierre-Julien Quiers

 

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