La cour d'assise des mineurs a condamné vendredi soir Dany M à 20 ans de réclusion. Le fils de l'ancien journaliste Bernard Mazières, qui avait commandité l'assasinat écope quant à lui, de 13 ans de réclusion pour complicité. A l'issue du procés, le mobile reste flou
La cour d'assises des mineurs de Paris a condamné vendredi soir Dany M. à 20 ans de réclusion pour l'assassinat en décembre 2010 du journaliste politique Bernard Mazières, dont le fils L. a écopé de 13 ans pour complicité.
L'accusation avait requis dans la matinée 20 ans de réclusion contre l'auteur direct du crime, âgé de 25 ans au moment des faits, et 15 ans contre le fils de la victime, 17 ans lors du crime.
Tous deux avaient été renvoyés pour assassinat et le procès s'est déroulé toute la semaine à huis clos.
"C'est une grande satisfaction, ça veut dire qu'il n'a pas tué", a relevé Me Grégoire Lafarge, avocat du jeune L., a propos de cette condamnation pour complicité et non assassinat.
Interrogé sur un éventuel appel, l'avocat ne l'a pas exclu mais a estimé que dans "une tragédie familiale pareille (...) je ne suis pas certain qu'il soit utileou raisonnable d'envisager une deuxième épreuve de ce genre".
Me Jean-Michel Leblanc, un des avocats de Dany M., a également laissé entendre qu'il ne ferait sans doute pas appel, soulignant que la peine correspondait "à ce que nous attendions" et que le procès avait été "apaisé et permis à la parole de se libérer".
Dany M. a par ailleurs été condamné à huit années de suivi socio-judiciaire avec obligation de soins après sa sortie de prison.
Âgé de 60 ans, ancien journaliste au Parisien, Bernard Mazières avait été retrouvé mort le 24 décembre 2010 par sa femme de ménage à son domicile
parisien, dans la chambre de son fils, qui vivait chez lui, les parents étant divorcés.
Les soupçons s'étaient rapidement portés sur son fils, qui, placé en garde à vue, reconnaissait avoir planifié le meurtre de son père avec son ami Dany M.
Ce dernier lui avait proposé de se charger de tuer son père, avec lequel les relations s'étaient dégradées, après qu'il eut "comme un con évoqué l'idée que peut-êtreil (son père) pourrait mourir".
Des personnalités fragiles et des motifs flous
Dany M., "fasciné par la mort", selon une source judiciaire, se vantait dans son cercle d'amis d'avoir "égorgé un dealer", agression pour laquelle il a été condamné à 30 mois de prison ferme en octobre 2011.
Sorti après un dîner organisé chez son père, le fils du journaliste avait fait entrer son complice dans l'immeuble familial. Il avait alors appelé son père pour
lui dire qu'un ami passait récupérer un casque de musique qu'il avait oublié, et fait monter Dany M., qui avait tué la victime avec un marteau - que les deux jeunes gens avaient acheté ensemble en prévision du crime - et un couteau de cuisine récupéré dans l'appartement.
Les deux jeunes hommes, décrits par les experts comme "narcissiques" et très dangereux pour Dany M., n'avaient pu expliquer clairement aux enquêteurs les raisons du crime. C'est cette absence de mobile apparent qui aura été au centre du procès, et au terme des audiences "une fois de plus il n'apparaît pas clairement", a regretté Me Richard Valeanu, avocat de parents de la victime.
"Par contre le phénomène de ces deux jeunes gens qui alimentent l'un l'autre ce projet insensé est apparu clairement", a-t-il poursuivi, jugeant le procès "apaisant" pour la famille.
De lourds secrets familiaux
Pour Me Eric Dupond-Moretti, autre avocat de Dany M., les viols que ce dernier dit avoir subi dans son enfance et "la drogue qui les a (les deux accusés) démolis" ont participé de cet engrenage.
Les "lourds secrets familiaux" -le jeune L. ayant ainsi appris à l'occasion de l'enquête que Bernard Mazières n'était pas son père biologique- sont également pour Me Lafarge, une des explications possibles, et ce verdict "doit servir de base à une reconstruction"