Les clubs de football professionnels français ont décidé, jeudi 24 octobre, à l'unanimité de se mettre en grève le dernier week-end de novembre, une menace spectaculaire pour contester le projet de taxe à 75% sur les plus hautes rémunérations.
« Avec ce mouvement, les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 veulent confirmer leur opposition résolue au projet de taxe à 75% » clame Jean-Pierre Louvel, Président de l'Union des Clubs Professionnels (UCPF). Et il ne craint pas de poursuivre : « Soyons conscients du drame que vit le foot, nous sommes le seul pays qui taxe des entreprises qui perdent de l'argent. Je souhaite que notre action fasse évoluer les politiques sur cette mesure ». Pas sûr que ses propos rencontrent un écho favorable dans l'opinion publique!
Un affrontement aux effluves surréalistes donc, dans lequel s'entrelacent, pour le meilleur et pour le pire, beaucoup d'argent et de passions!
Les clubs demandent aux pouvoirs publics l'abandon du projet de taxe. Un rendez-vous entre les patrons du foot français et le président de la République François Hollande est prévu la semaine prochaine, probablement jeudi.
Le dialogue avec les pouvoirs publics s'annonce ardu. Matignon a ainsi affirmé jeudi qu'un club de football était traité, au regard de la taxe à 75%, "comme une entreprise comme une autre".
Pour tenter de faire comprendre le message véhiculé par leur "journée blanche", les clubs pros vont organiser une journée portes ouvertes dans les stades, où responsables et dirigeants recevront les supporters pour leur expliquer le mouvement. Mais ces derniers ne sont pas de très grands fans de cette grève. « Pour échapper à cette taxe, les clubs n'ont qu'à payer des salaires en adéquation avec le vrai niveau des joueurs, dont certains sont de vrais tocards », estime ainsi Michel Tonini, président des Yankees de l'Olympique de Marseille. Des propos qui à eux seuls résument assez bien le sentiment des Français dont une immense majorité (85%) est favorable à l'application de la taxe à 75%.
Les présidents de clubs, eux, enragent contre ce nouveau dispositif, qui représenterait une charge totale de 44 millions d'euros pour la L1. Une estimation basée sur les hauts revenus d'environ 120 joueurs des 14 clubs concernés.
Et les clubs ne sont pas seuls dans ce combat. Mercredi 23 octobre,, toutes les composantes du football professionnel -Ligue de Football Professionnel (LFP), syndicats des clubs (UCPF), des joueurs (UNFP), des entraîneurs (UNECATEF) et des administratifs (UAF)- avaient décidé d'un boycott jusqu'à nouvel ordre de la commission sur la compétitivité du foot (dite du "foot durable") mise en place par le ministère des Sports le 25 septembre.
Le Parti communiste français (PCF) a dénoncé un "lobbying scandaleux". Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, parle lui de "réflexes d'enfants gâtés" et de "grève absurde".
Pour mémoire, le match vedette du week-end de grève, du 29 novembre au 2 décembre, est PSG-Lyon, le dimanche soir, 1er décembre, qui devait être diffusé par Canal+. A cette occasion, la réaction des diffuseurs télé sera d'ailleurs très attendue: peuvent-ils porter plainte contre les clubs pour demander réparation?