Le tribunal de grande instance de Paris a ordonné mercredi la restitution à l'Etat de 313 documents manuscrits rédigés par le général de Gaulle entre décembre 1940 et décembre 1942, considérant qu'il s'agissait d'archives publiques.
Ces documents, acquis par le Musée des lettres et manuscrits après avoir été conservés pendant 70 ans par la secrétaire particulière du général, Marie-Thérèse Desseignet, sont placés sous séquestre depuis 2012.
Le musée parisien estime que ce ne sont pas des archives publiques mais le tribunal et le parquet souhaitent que ces documents rejoignent les archives nationales.
Le tribunal a fait droit à la demande de l'Etat, représenté par le ministère de la Culture, qui estime qu'il s'agit d'archives publiques "imprescriptibles et inaliénables", et souhaite voir ces documents rejoindre les archives nationales.
Le parquet était également de cet avis, tandis que le musée soutient qu'il ne s'agit pas d'archives publiques. Mais un éventuel appel de ce dernier ne serait de toute façon pas suspensif.
Ces messages "concernent majoritairement les ordres que le général de Gaulle donne à ses compagnons, cadres dirigeants de la France Libre, chargés de piloter les combats militaires et politiques de la liberté au Moyen-Orient, en Afrique et dans le Pacifque", explique le musée des lettres et manuscrits
313 messages sont conservés au musée des lettres et manuscrits, en 2011 une exposition y était organisée
Entre 1940 et 1943, le général de Gaulle est à Londres. Jour après jour, il envoie ses ordres sous forme de messages secrets à ses compagnons, généraux et cadres dirigeants de la France Libre. Ces messages secrets, le plus souvent écrits de sa main, sont codés puis télégraphiés par ses services avant de rejoindre un dossier, où ils resteront cachés 70 ans, avant d'être acquis par le Musée des lettres et manuscrits.
Ces 313 messages secrets sont tous inédits sous leur forme manuscrite. 30 messages ont été transcrits par Charles de Gaulle en annexe de ses Mémoires de guerre, 142 dans ses Lettres, Notes et Carnets, mais 141 messages sont restés totalement inédits.
"Ils portent presque tous sur la période 1941-1942 et sont majoritairement destinés aux généraux de Larminat, Catroux, Koenig, Legentilhomme, Petit, Leclerc, à l'amiral Muselier, à l'amiral d'Argenlieu, à Pleven, Cassin et Palewski. Ils sont adressés de façon plus exceptionnelle à Churchill, Dejean, Tixier, Félix Eboué, et par ailleurs, quelques messages uniques sont adressés à Staline et au docteur Schweitzer".