Comme lors de la visite de François Hollande samedi au Salon de l'Agriculture, l'entourage du Premier Ministre était sur les dents, craignant des débordements et autres manifestations. Finalement le cortège s'est heurté plutôt au silence. En aparté, les paysans se disent sans illusions.
Un pacte de responsabilité dédié à l'agriculture. C'est la grande idée du pouvoir en place pour apaiser les esprits sur ce salon de l'agriculture. Jean-Marc Ayrault relaie donc le message, d'abord lors d'un déjeuner privé dès huit heures avec les représentants de la filière, puis devant la presse et les enclos.
Le secteur agricole et agroalimentaire facteurs actifs de sortie de crise. C'est ce qui sera martelé tout au long de la visite, c'est la ligne choisie. Et il y a bien sur les figures imposées du salon, les mains que l'on serre, les produits que l'on déguste, les petits mots pour le plus de paysans possibles. Tout cela sans relâche jusqu'à la mi -journée.
Une nouvelle journée dégustation et discours commence au #SIA2014 pour @jeanmarcayrault et @SLeFoll ! pic.twitter.com/xnblzYIZRI
— Jonathan Pasqué (@JonathanPasque) 24 Février 2014
Voilà pour la façade. En s'éloignant de quelques mètres de l'attroupement, le ton change.
"Vous attendez Jean-Mrc Ayrault ?". "Oh, vous savez, on n'attend plus grand chose" répond Daniel Rollin, éleveur de moutons suffolk dans le Limousin. "On a l'impression que le gouvernement ne veut pas vraiment sauver la filière ovine, qu'il la laisse tomber. Pourtant les jeunes sont motivés, il y a une tradition, un savoir faire. Je m'inquiète pour mon fils. On meurt à petit feu".
Dans le sillage de Jean-Marc Ayrault, Stéphane le Foll. le ministre de l'agriculture est fidèle au poste, chaque jour.
les 2 ministres continuent leur visite. Après avoir rencontré Bella ils parlent maintenant du prix du lait #SIA2014 pic.twitter.com/PfXCoPhC1P
— Jonathan Pasqué (@JonathanPasque) 24 Février 2014
Quand les dégustations offertes au Premier ministre s'éternisent, il se met en retrait, et converse avec d'autres agriculteurs. Convaincre, encore, que ça va aller mieux. A Francis Cambon, producteur de lait, il assure que les prix vont remonter, qu'il en est sûr. Après l'échange, l'Aveyronnais reste sceptique. Cela fait trop longtemps qu'il voit la grande distribution mener la danse "alors que le consommateur, lui, il est prêt à mettre trois centimes de plus pour sa brique de lait". "Vous savez, ajoute-t-il, moi, j'ai la barbe qui blanchit, mais je m'inquiète pour mes neveux".
Et la visite se poursuit.