Devant la chapelle ardente, Alice Mazoyer, 15 ans, serre la lettre qu'elle a prévu de déposer en hommage aux disparus. Dévastée, elle a perdu trois de ses amis d'enfance dans l'effondrement d'un immeuble à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
"Je suis effondrée", lâche l'adolescente, qui a retrouvé lundi une centaine d'habitants yeux rougis et roses à la mains, spontanément rassemblés lundi au lendemain du drame qui a fait huit morts. Alice connaissait trois des victimes décédées dimanche matin: Yann, 14 ans, Lucas, 18 ans, et leur mère Marie-Laure, âgée d'une quarantaine d'années. "Lucas, c'était quelqu'un qui avait toujours le sourire", raconte la jeune fille la voix entrecoupée de sanglots devant le gymnase Gabriel Thibault, où a été installée une chapelle ardente. "Yann était gentil et très courageux". "On devait faire ensemble notre rentrée demain", ajoute Hugo, meilleur ami de la victime.
Comme ces deux adolescents, une centaine d'habitants yeux rougis et roses à la main se sont spontanément rassemblés lundi au lendemain du drame qui a fait huit morts, alors que les tractopelles continuaient de déblayer les décombres du bâtiment. "Beaucoup d'enfants habitaient le bâtiment", explique Mohamed Benakri, qui habite à proximité de l'immeuble qui n'est plus qu'un amas de gravats. "Rosny c'est presque un petit village", ajoute-t-il pour expliquer l'émotion des habitants de la ville. "Tout le monde se connaît plus ou moins."
"Les gens ont encore du coeur"
Alors lundi matin, amis des sinistrés mais aussi habitants de la ville se sont rendus à la cérémonie pour "savoir comment aider". Rose Ayellon, une retraitée qui habite le haut de la ville, se dit touchée par ce rassemblement spontané. "ça montre que les gens ont encore du coeur", dit-elle.
"Draps, jouets, produits d'hygiène, serviettes, chaussures, voilà ce dont-ils ont besoin en priorité", plaide Bernard Levin 64 ans, habitant de Rosny depuis sa naissance, en lisant tout haut le texto envoyé par sa fille. Elle lui a transmis la liste des produits de première nécessité mis en ligne sur les pages Facebook de la ville.
"Plus de 300 personnes" sont déjà venues à la mairie déposer des affaires selon une conseillère municipale. "Quelques familles" sinistrées, hébergées dimanche soir dans des hôtels de la ville par la municipalité, sont venues récupérer des habits, des produits de toilettes. C'est le cas de cette mère de famille d'origine russe qui souhaite rester anonyme: "nous ne sommes pas changés depuis 38 heures", lâche t-elle dans le hall de la mairie.
Cette quadragénaire, les yeux gonflées par les larmes, a dû quitter avec son mari et ses deux enfants sa maison, située en face de l'immeuble qui s'est effondré, vraisemblablement à la suite d'une explosion due au gaz.. Les vitres de leur logement ont explosé, les portes ont été arrachées et le toit percé. Sylvian Koffi arrive lui aussi dans le hall de la mairie, les bras chargés de packs d'eau et de pâtes. Ce cadre territorial passe tous les jours devant l'immeuble situé près de la gare RER. En congé lundi, il est venu parce que "ça peut arriver à n'importe qui".
Cassiopée Fort, une psychomotricienne de 25 ans est née à Rosny. "On est tous concernés", dit-elle. Alors, "plutôt que de glander chez elle", elle est venue aider à trier les affaires récoltées. "J'espère que ce drame aura aussi permis de rapprocher les habitants, que cet élan de solidarité leur aura montré qu'ils peuvent faire des choses ensemble."