Mercredi 8 octobre, les militants UDI commencent à voter pour désigner le successeur de Jean-Louis Borloo. Jean-Christophe Fromantin, Jean-Christophe Lagarde et Yves Jégo sont candidats. Un élu francilien peut-il devenir le président de l'UDI ?
Les statistiques ne mentent pas.
Il y a 75% de chances que le prochain président de l'UDI soit un élu francilien. Et une chance sur deux qu'il se prénomme Jean-Christophe. Les 27.296 adhérents de l'UDI votent jusqu'à la semaine prochaine pour désigner le successeur de Jean-Louis Borloo à la tête de la fédération de centriste.
Tour de France
Jean Christophe Lagarde, Jean-Christophe Fromantin et Yves Jégo, tout trois franciliens, affrontent le normand Hervé Morin. Cette étiquette parisienne est-elle un handicap dans un parti qui a longtemps eu la réputation d'être composé de notables de Province. "Ce n'est pas la question. C'est une élection nationale, pas locale", répond Jean-Christophe Lagarde. "Quand je suis à Paris, on dit que je suis banlieusard. Quand je suis en Province, on dit que je suis parisien. En réalité je suis un peu partout chez moi", plaisante le maire de Drancy, né à Chatellerault.
"Quand on est d'Ile-de-France, et qu'on est maire d'une ville à 3 km de la Bourgogne, on est presque provincial", ajoute Yves Jégo, maire de Montereau Fault-Yonne. "J'ai vécu pendant la moitié de ma vie en Province", rappelle Jean-Christophe Fromantin.
Ils ont donc sillonné la France avec la modestie du candidat à l'écoute et la confiance en soi de celui qui veut convaincre. 25.000 kilomètres pour Fromantin. 35.000 pour Lagarde et 40.000 pour Jégo. (on les croira sur parole, on ne va pas faire le compte non plus).
L'homme des territoires
Le maire de Neuilly le reconnaît volontiers. Il est peu connu des militants de région. Centriste depuis deux ans, Jean-Christophe Fromantin n'a pas traîné ses guêtres de marathonien dans les innombrables banquets républicains et autres repas de famille. Coquet, il admet un effet de curiosité pour le tombeur du sarkozysme local. Opposant au mariage entre personne du même sexe, contrairement à Jégo et Lagarde. Un profil qui peut séduire la grosse frange de l'électorat catholique centriste.
Mais, c'est sur les questions de réforme territoriale qu'il estime avoir marqué les esprits dans les régions. "Tout le travail que j'ai fait depuis des années sur les questions d'aménagement du territoire, sur l'idée qu'un projet politique doit repartir des territoires a eu beaucoup d'écho dans les réunions que j'ai eu", explique-t-il.
Copains d'avant et famille recomposée
Le Tour de France de Jean-Christophe Lagarde s'est apparenté à une tournée "Copains d'avant". Il a toujours été centriste. Il fut même président des jeunes UDF. Il raconte qu'il a renoué des liens avec des compagnons de l'époque. Autant d'électeurs potentiels au-delà des partis respectifs de chaque candidat. Ils viennent s'ajouter à la base électorale solide que compte le maire de Drancy dans la région capitale. "Evidemment en IDF, je compte beaucoup d'amis, une grande majorité des élus locaux, des maires, des parlementaires qui souhaitent avancer dans toute la France et bien sûr dans la région, où nous sommes jusqu'à présent insuffisamment représentés", commente-t-il.
Yves Jégo, lui, est connu de tous les militants de l'Hexagone. Il assuré l'intérim à la tête de l'UDI, après le départ de Jean-Louis Borloo. De l'avis de beaucoup, il s'en est bien tiré. Son souci est ailleurs. Il vient de l'UMP et n'a rejoint la famille centriste qu'en 2009. Comme tous les candidats, avec des nuances, il promet l'indépendance de l'UDI vis-à-vis de l'UMP. Son passé le rend-il crédible ? "Si l'UDI devient juste le refuge des centristes historiques entre eux , ça sera un petit parti. Si nous nous ouvrons à des gens qui viennent d'ailleurs, nous pouvons devenir un grand parti", plaide le député de Seine-et-Marne.
Notables mais pas trop
Faut-il voir en creux de cette dernière phrase une critique de la notabilisation de l'UDI, héritière d'une UDF en mode rotary club ? Aucun des trois candidats ne répond directement à cette question, mais dans leur désir de "réveiller" l'UDI, on peut y voir une volonté de débarrasser la fédération centriste des oripeaux embourgeoisés et provinciaux (on assume) de l'ancienne UDF.
"Moi je ne veux plus d'un centre mou, d'un centre mièvre, d'un centre tiède", claironne Jean-Christophe Lagarde. "Le centrisme, il est dans le coeur, pas dans le sang ou les gènes", trompette en écho Yves Jégo. "Il y a un vrai mouvement aujourd'hui des adhérents pour redonner à cette famille un corps de doctrine, de grands axes de direction et une vision de la France", ajoute Jean-Christophe Fromantin.
Bref, ça bombe le torse au pays de la ventripotence bonhomme. Reste à savoir si les militants UDI décideront s'il vaut mieux avoir les Parisiens dans son journal que dans son parti, la politique n'étant pas une science statistique.
(les franciliens à la conquête de l'UDI. Un reportage de Daïc Audouit, Pierre-Julien Quiers et Ann-Sarah Sfez)