Une opération sur un foetus pour réparer la malformation congénitale appelée "spina bifida", a été réalisée pour la première fois en France, ont indiqué mardi des spécialistes du groupe hospitalier public parisien Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
L'intervention d'une durée de 2 heures a eu lieu sous anesthésie générale en juillet dernier au 5e mois de grossesse. La maman a accouché par césarienne au 8e mois le 9 novembre. "Le bébé et sa mère vont bien", a indiqué le professeur Jean-Marie Jouannic de l'hôpital parisien Armand Trousseau.
"Dans les dix jours suivant l'opération, les anomalies cérébrales dues à la malformation se sont totalement corrigées. C'est énorme d'avoir pu protéger le cerveau de cette petite fille pour permettre ses apprentissages futurs", a dit ce gynéco-obstétricien qui a conduit cette "première" française avec son collègue le Pr Michel Zerah, du service de neurochirurgie pédiatrique de l'hôpital Necker-Enfants Malades.
"Cette chirurgie foetale permet d'ouvrir la voie à une meilleure prise en charge et d'améliorer par la suite le développement moteur et intellectuel des enfants atteints de cette malformation" appelée spina bifida, poursuit le Pr Jouannic. "Elle a pour but de réduire les handicaps possibles de l'enfant, mais ne le guérit pas totalement", tempère-t-il.
La malformation, cause de paralysie et d'incontinence, consiste en un défaut de fermeture de plusieurs vertèbres de la colonne vertébrale au bas du dos qui laisse la moelle épinière et ses racines nerveuses sans protection. Ces dernières subissent déjà des microtraumatismes lors des mouvements du bébé dans le ventre de la mère. La béance des vertèbres entraîne une fuite de liquide, provoquant un affaissement progressif de la partie postérieure du cerveau foetal. D'où une hydrocéphalie (le liquide cérébral ne peut être évacué), obligeant souvent à mettre une dérivation de décompression après la naissance.
Le spina bifida est la malformation la plus fréquente du système nerveux central, diagnostiquée dans plus de 90% des cas par échographie. Elle concerne en moyenne une grossesse sur 1.000. Quelque 800 grossesses sont ainsi concernées chaque année en France. Si la plupart des parents optent pour l'interruption de grossesse (IMG), on estime qu'une quarantaine d'enfants naissent chaque année avec cette malformation, relève le chirurgien.
L'intervention existe depuis des années au Brésil et aux Etats-Unis qui ont des pratiques différentes en matière d'interruptions de grossesse.