Deux personnes étaient toujours en garde à vue jeudi soir dans l'enquête sur la fusillade de Montrouge (Hauts-de-Seine) au cours de laquelle une policière de 26 ans a été tuée, moins de 24 heures après l'attentat contre Charlie Hebdo.
"Deux personnes sont actuellement en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire des Hauts-de-Seine. Un homme de 52 ans, interpellé jeudi matin, et une deuxième personne", a indiqué une source policière. Mais "on ne sait pas à ce stade s'il peut s'agir de l'auteur de la fusillade, toujours activement recherché", a-t-on ajouté.
Selon une autre source policière, l'homme de 52 ans n'est "visiblement pas le bon". "Mon client se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment", a assuré son avocate Me Laurence Roche, affirmant qu'il n'était "en aucune façon mêlé à cette affaire".
Au moment des faits, peu après 8h jeudi, le tireur était porteur d'un gilet pare-balles, d'une arme de poing et d'un fusil mitrailleur. Il s'est enfui à bord d'une Clio retrouvée dans la matinée à Arcueil (Val-de-Marne). A Montrouge, la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) a mené vers 11h une opération dans une chambre d'hôtel située près des lieux de la fusillade "qui s'est révélée infructueuse", selon une source policière. La trace de l'agresseur présumé "a été perdue" dans le quartier d'affaires de La Défense, a-t-elle ajouté.
La section antiterroriste du parquet de Paris est saisie. La Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), sont en charge de l'enquête.
Un agent de la voirie a été grièvement blessé dans la fusillade et une policière martiniquaise, originaire de Sainte-Marie, célibataire et sans enfant, a été tuée. Clarissa Jean-Philippe était "très motivée, très enthousiaste et désireuse de réussir", a confié un responsable de la mission où elle avait suivi en 2008 une formation d'agent de sécurité. Elle était partie pour la métropole en 2013 avant de rejoindre la police municipale comme stagiaire.
"violence aveugle"
"Gratitude à toutes les forces de l'ordre qui protègent notre liberté", a réagi Manuel Valls sur Twitter. "Elle a été froidement abattue dans l'exercice de sa mission de protection des citoyens, victime d'un déchaînement de violence aveugle", a dénoncé la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin. La fonctionnaire portait un gilet pare-balles mais n'était pas armée, ce qu'a notamment déploré le Syndicat national des policiers municipaux, "choqué" que des agents "qui représentent de réelles cibles (...) n'aient, pour se protéger ou pour assurer la sécurité les citoyens français, qu'un simple stylo, voire une bombe lacrymogène".
Les représentants des syndicats de policiers municipaux seront reçus "très prochainement (...) pour étudier avec eux toutes les questions liées à la sécurité des agents", a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. "Les policiers municipaux bénéficient des mêmes mesures de renforcement de leur sécurité que les autres forces de sécurité, policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers", rappelle-t-on place Beauvau.
"A ce stade", il n'y a pas de lien entre cette fusillade et l'attentat de Charlie Hebdo dans lequel douze personnes ont trouvé la mort mercredi, selon les autorités.
Rappel des faits: vers 7h50 jeudi, deux véhicules sont impliqués dans un accident de la circulation. Police municipale et voirie sont appelées sur les lieux. Peu après 08H00 des coups de feu éclatent. La policière municipale est touchée à la gorge et un agent de la voirie grièvement blessé. C'était "une scène de panique", a relaté un habitant de la rue, Ahmed Sassi, 38 ans, réveillé par "deux détonations". Depuis la fenêtre de sa cuisine, il raconte avoir vu un fonctionnaire de police "debout dans la rue. Un homme en habit sombre lui a tiré dessus à bout portant, tout en continuant à courir".