Le terme paraît sympathique, réconciliant enfin agriculture et écologie, qui ne font pas toujours bon ménage dans la réalité des pratiques agricoles. Pour mieux comprendre ce principe agronomique qu'est l'agroécologie, nous avons rencontré des scientifiques et un syndicaliste du monde paysan.
L’agroécologie, intégrée dans la Loi d’avenir du gouvernement, depuis septembre dernier
Le terme est ancien (1928) et les pratiques revenues au goût du jour à la fin des années 90.Il s'agit, en respectant l'environnement, de produire plus et mieux tout en utilisant moins d'énergie et en respectant l'éco-système.
Des scientifiques de l’INRA ont planché pour mettre au point les grands principes qui devraient permettre aux agriculteurs de franchir le pas.
“L’agroécologie c’est des grands principes, il n’y a pas un modèle pour tous. Il faut adapter les pratiques au milieu...”
>> vidéo : Définition de l’agroécologie par Christian Huyghe, directeur scientifique de l'INRA
>> vidéo : Et donc, le rôle de l’INRA dans tout ça ?
La création d'un outil numérique en faveur de l'innovation :
Autre acteur de la structure du monde agricole : l’ACTA. Il s'agit de la fédération des instituts techniques agricoles, qui porte la valeur du partage. Avec l'INRA, ils ont conçu un outil d’auto-diagnostic pour les agriculteurs, accessible en ligne sur internet.
“aider les agriculteurs à rendre leurs pratiques plus vertueuses, tout en travaillant dans de bonnes conditions…”
>> vidéo : Comment fonctionne cet outil en ligne ?
Des avancées évidentes mais aussi des paradoxes :
A la Confédération Paysanne, on aimerait se réjouir de l’agroécologie dans la loi, mais on reste méfiant.
D'après Laurent Pinatel leur porte-parole, la Conf’ possède déjà une grille d’évaluation pour les paysans. Elle est meilleure selon eux, car les dimensions sociales et sociétales y sont mieux prises en compte que dans l’outil du Ministère.
Plus globalement, si les aides financières restent aussi faibles en direction des changements de système, la volonté de transformation reste un vœu pieux.
La crainte d'une France coupée en deux : verte avec des pratiques agroécologiques d'un côté, et grise avec des fermes-usines et une grosse industrie agricole de l'autre
Pour ce qui concerne la production d'énergie par les exploitations agricoles, seules les très grosses installations pourraient en produire de manière rentable or,
les fermes-usines paraissent difficilement conciliables avec l'agroécologie.
Le point de vue des agriculteurs rencontrés ces jours-ci :
Laurent Pinatel a senti beaucoup d'inquiétude chez les paysans rencontrés dans les allées du salon. Trop de normes environnementales, la fin des quotas, les déclarations PAC à gérer alors même que la PAC n'est pas finie d'arbitrer... alors l'agroécologie pour le moment, c'est le cadet de leurs soucis.
"Pour une agroécologie efficace, il faut des paysans nombreux, il faut qu'on leur donne les moyens de sortir du système productiviste dans lequel on les a poussés"
>> vidéo : Laurent Pinatel réagit à ces effets d'annonce autour de l'agroécologie
>>> Pour en savoir plus :
Pierre Rabhi, précurseur de la mise en pratique de l'agroécologie travaille depuis de nombreuses années avec sa fondation pour faire comprendre les pratiques qui permettraient à l'humanité de bien se nourrir.