Jacques Chirac a-t-il été un divin édile ?

On célèbre l'anniversaire des 20 ans de l'arrivée de Jacques Chirac à l'Elysée. Avec nostalgie et bienveillance. Mais avant la présidence, il a été 18 ans maire de Paris. Nous vous avons demandé quels souvenirs vous gardez de cette période. Ont-ils la même veine de sympathie ?

La nostalgie est bien toujours ce qu'elle était. Alors qu'on célèbre les 20 ans de son arrivée à l'Elysée, les sondages indiquent que Jacques Chirac est sympathique pour une très grande majorité de Français. Magie de l'oubli et du temps qui passe. Tentation de l'âge d'or. Pour certains, il serait même hype, swag, symbole de la coolitude hipster. Mouais... en attendant la prochaine mode. 

Ses quinze ans à l'Elysée ont éclipsé son passage à la tête de la mairie de Paris. Plus long pourtant. 18 ans à l'Hôtel de Ville. 3 campagnes municipales et des millions de mains parisiennes serrées. Sans parler du cul...des pigeons. 

Nous vous avons demandé, chers internautes fidèles à nos comptes sur les réseaux sociaux de nous dire quels souvenirs vous gardez de lui comme maire de la capitale ? 

Entre boutiques obscures et ville lumière

Les 18 années passées à la mairie de Paris n'occupent qu'une dizaine de pages dans le premier tome des mémoires de Jacques Chirac. Un tour d'horizon sans doute trop rapide mais qui s'explique aisément. Ce premier tome paraît en pleine procédure judiciaire sur les emplois fictifs de la ville. 

Un dossier qui a empoisonné les deux mandats présidentiels, héritage direct son activité de maire. Paris ce sont donc de bons souvenirs, son refuge quand le contexte national lui était défavorable et son tremplin vers la gloire. C'était aussi une tâche indélébile dans son parcours avec une condamnation judiciaire. Entre zone d'ombre et ville lumière. 

C'est le premier souvenir qui vient à l'esprit de nos internautes les plus politisés.








Petite pause pour faire le point

Le couple Chirac a bénéficié d'un non-lieu dans l'affaire des "frais de bouche", en septembre 2005. Jacques Chirac a, en revanche, été condamné dans l'affaire des emplois fictifs à deux années de prison avec sursis en décembre 2011. Un accord financier avait été trouvé avec la mairie de Paris en août 2010. 2,2 millions d'euros d'indemnisation en contrepartie d'un retrait de plainte. Une somme acquittée dans sa plus grosse partie par l'UMP. 

Quant aux autres affaires, elles ont concerné JeanTibéri, fidèle premier adjoint de Jacques Chirac. Dans l'affaire des HLM, il a bénéficié d'un non lieu en 2005. En revanche , il a été condamné dans celle des faux électeurs définitivement en mars 2015.

Les dates en témoignent. Le calendrier judiciaire fut extrêmement long, mettant régulièrement sur le devant de l'actualité les affaires parisiennes, tout comme les diverses candidatures contestées de Jean Tibéri  au cours de ces années. Jusqu'à la dernière campagne municipale. On se rappelle la gaffe de Bernadette Chirac qui lors d'une visite de soutien à NKM lâche, qu'en matière de campagne électorale, elle a tout appris de Xavière Tibéri.

Dura spontex sed spontex. L'éponge de l'oubli n'a pas eu l'occasion d'effacer de nos mémoires les péripéties des affaires de la mairie de Paris.

 
Pour les électeurs de droite, Chirac à Paris ce sont des souvenirs de victoires. 77 et deux grands chelems (les 20 arrondissements) en 1983 et 1989. Une réussite politique assez éclatante. 

Le premier maire

Mais, Jacques Chirac, c'est avant tout le premier maire de Paris de l'ère moderne. Auparavant, c'est un préfet qui administre la capitale. Il est le premier maire avec de vrais pouvoirs et il va donner les caractéristiques de la fonction pour ses successeurs.

La principale est l'opposition à l'Etat, renouant avec la tradition du prévôt des marchands de Paris. Que le président de la République soit de la même majorité  ou non que le maire. Ses premiers actes d'autorité seront de s'opposer à  Valéry Giscard d'Estaing sur le Forum des Halles et la Voie express rive gauche. 

Comme un symbole, Anne Hidalgo vient de décider la piétonisation de l'autre rive et inaugurera le nouveau Forum des Halles. Toutes les traces du Paris de Chirac disparaissent donc progressivement. Car en matière monumentale, Jacques Chirac, maire, a du s'effacer devant les grands travaux de l'ère mitterrandienne. Aucun geste architectural ne vient en mémoire à nos internautes.

Jacques Chirac préféra occuper le créneau événementiel. Les expos prestigieuses et les manifestations. On lui doit l'emballement du Pont-Neuf par Christo. Eh oui, il en est à l'origine et pas Jack Lang. Mais visiblement, ça ne vous a pas marqué.  Pourtant on en avait parlé à l'époque.


En matière urbanistique, Jacques Chirac a lutté contre l'insalubrité. On lui doit entre autres la réhabilitation du quartier Bercy. Saluée comme telle par exemple par  Armand Hennon. "La rénovation de l'îlot Chalon, la nouvelle Place du Marché saint honoré confiée à Bofill , la carte Paris Famille supprimée depuis, Aillagon excellent directeur de la Culture auprès d'une séduisante Panafieu adjointe au Maire", juge ce militant MoDem de la capitale sur notre page Facebook.

Une politique de rénovation critiquée par ses adversaires qui l'accusent de chasser les classes populaires et d'encourager la spéculation immobilière. Un argument qui reste dans les esprits. 




La droite parisienne a beau jeu aujourd'hui de répondre que les socialistes devraient se féliciter de cette politique urbaine. Que ce sont les bobos qui ont remplacé les classes populaires dans l'est parisien et ainsi assuré les élections de Bertrand Delanoë et d'Anne Hidalgo.


Le petit baigneur

Tout cela est bien beau. Mais pour l'instant rien de cool dans le Chirac maire de Paris. Où est le swag promis par les magazines branchés ? 

Quelle est l'image du Paris de l'ère Chirac ? Nos internautes répondent en choeur les moto-crottes. 



Ironique ? Peut-être. Mais la lutte pour la propreté était un vrai objectif politique de Jacques Chirac. Et cela correspond à la verve rabelaisienne du personnage. 

Le vrai truc cool qui manque au Chirac maire de la capitale, c'est Sébastien Tronche, journaliste au Lab d'Europe 1 qui le note. 



C'était en 1988. Une promesse qu'il n' a pas tenu. Et on le regrette. Jacques Chirac, en maillot de bain et en tongues sous une nuée d'objectifs plongeant dans la Seine et émergeant tel Florent Manaudou, prononçant une phrase culte du genre "c'est propre mais c'est froid", l'épisode aurait ravalé les "salut moi c'est connard" ou "you want me go back to my plane" au second plan. 

Jacques Chirac et la mairie de Paris. Une vraie réussite politique et un rendez-vous manqué avec la coolitude. L'inverse de son passage à l'Elysée ?









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