Paris va se lancer mardi dans l'aventure olympique en officialisant sa candidature à l'organisation des JO-2024. Forte d'un dossier déjà structuré, la capitale veut mettre toutes les chances de son côté pour accueillir les Jeux, cent ans tout juste après ceux de 1924.
Le coup d'envoi de la troisième candidature parisienne du siècle (après celles, vaines, pour 2008 et 2012) aura lieu mardi à midi, au siège du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), et se déclinera tout au long de la journée au coeur de la Ville et notamment sur les berges de la Seine.
Le choix de la date ne relève en rien du hasard. Déclarer une candidature qui ne fait plus l'ombre d'un doute le 23 juin, Journée olympique mondiale, c'est replacer le sport et l'Olympisme au centre du projet, contrairement à ce qui avait été fait pour 2012, contrairement à ce qu'aurait symbolisé une annonce officielle le 14 juillet, date un temps évoquée par les promoteurs politiques de la candidature: la Ville, l'Etat, la Région. Le jour de la Fête Nationale, le projet sera lancé et ce sera aux politiques d'adresser aux Français un message fédérateur.
Aujourd'hui, ce sont les sportifs qui sont à la manoeuvre, "eux qui vont mener la candidature et nous qui allons pousser derrière", selon la métaphore rugbystique de Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile-de-France, hommage à Bernard Lapasset, président de la fédération internationale de rugby (World Rugby) et homme orchestre du dossier. A ses côtés, Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë kayak, fraichement élu au CIO où il a déjà séduit par son assiduité.
Sous leur houlette, les partisans du dossier ont travaillé depuis début 2014 selon une méthode progressive, définissant dans une étude de faisabilité et d'opportunité les grands traits techniques, les enjeux, les chances, le contexte d'une éventuelle candidature avant de fédérer les soutiens politiques parfois les moins évidents, comme celui de la maire de Paris Anne Hidalgo, longtemps réticente.
Ce cheminement, salué par le CIO et son président Thomas Bach comme "exemplaire", sera une première fois couronné mardi. "On a tenté de faire les choses dans le bon ordre", dit Bernard Lapasset, président de l'Association Ambition Olympique, avant de prendre vraisemblablement les manettes de la candidature. "Pour éviter les erreurs du passé."
Surtout, Bernard Lapasset et ses partenaires ont tiré les enseignements de l'Agenda 2020, pour présenter un projet modeste (moins de 6 milliards d'euros) qui réemploie un maximum d'infrastructures existantes ou programmées (Stade de France, Bercy, Arena 92) et d'incontournables spots parisiens (Champs de Mars, Grand Palais etc.) et bénéficiera du réseau de transport du Grand Paris, déjà planifié.
Alors que les concurrents déclarés (Boston, Hambourg et Rome, en attendant Budapest) ont posé le mot candidature sur un dossier un peu mince, Paris se déclare en ayant arrêté nombre de choix essentiels. Et ce plus de deux mois avant la date limite du dépôt des candidatures auprès du CIO, le 15 septembre.
Les sites des installations à construire sont à peu près tous identifiés à l'exception notable du village olympique pour lequel deux à trois zones sont encore en concurrence.
La désignation de la ville hôte des épreuves de voile ne saurait tarder, tout comme celle des stades retenus pour le tournoi de football.
Le slogan "Je veux les Jeux" devrait accompagner la campagne. Et son plan de financement (autour de 60 millions d'euros) est dans les tuyaux avec notamment un recours programmé au financement participatif qui devrait être lancé fin septembre auprès de l'ensemble de la population française encore partagée sur le projet, en particulier sur ses retombées financières et fiscales.
Car le défi majeur qui attend désormais Paris-2024 durant les deux années de campagne qui s'achèveront à Lima, à l'été 2017, est de séduire, en France et au-delà des frontières, ceux qui notamment gardent un goût amer du dernier échec olympique de la capitale.