Aéroports: des associations manifestent pour un plafonnement du trafic aérien

Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés mardi devant le ministère des Transports à Paris pour réclamer l'instauration d'un couvre-feu nocturne pour les trois aéroports parisiens et un plafonnement du nombre de vols annuel.

Dans le ciel de Villeneuve Saint-Georges, les avions fendent l’air à intervalle régulier. Mais dans cette commune, située à une dizaine de kilomètres de l’aéroport d’Orly, le spectacle aérien exaspère les habitants. « Le soir de 9h jusqu’à 11 h, ils passent toutes les quatre minutes », déplore un passant. «Toute la journée et l’été, il y a beaucoup d’avions, ils devraient mettre une autre piste parce que c’est embêtant », suggère une autre habitante.

En Ile-de-France, plus d’1,4 million de personnes seraient impactées par ces nuisances sonores liées au trafic des avions. Si l’épidémie de covid a entrainé une baisse du trafic ces deux dernières années, en 2023, le trafic aérien des passagers devrait dépasser son niveau d'avant pandémie, selon l’OMS.

Plafonnement du trafic et mise en place d’un couvre-feu

Elus et associations de riverains s’inquièten de cette reprise. Devant le ministère des transports ce mardi soir, ils sont plusieurs centaines rassemblés pour porter leurs revendications : un plafonnement du nombre d’avion par an pour les trois aéroports franciliens ( Roissy, Orly et Le Bourget), la mise en place du couvre-feu pour Roissy et l’élargissement de celui-ci à Orly.

« Nous souhaitons un plafonnement à 440 000 mouvements par an à  Roissy sachant qu’en 2019 on était à 500 000 et un couvre-feu de  22 heures à 6 heures, un plafonnement à 250 000 mouvements par an à Orly et 60 000 au Bourget», détaille Eugénie Ponthier, adjointe au maire d’Epinay-sur-Seine. « C’est juste des mesures de bon sens, si on veut un objectif de neutralité carbone et protéger les habitants », plaide cette représentante d’une associations d’élus contre les nuisances aériennes.  

 

L’exemple d’Amsterdam

Les manifestants veulent obtenir les mêmes avancées que les riverains de Schipol à Amsterdam.  Ces derniers ont obtenu du gouvernement néerlandais qu'il fixe à 440 000 le nombre maximum de vols par an dans cet aéroport d'ici 2025, contre 500 000 avant la pandémie. Le gouvernement néerlandais a aussi annoncé en avril l'interdiction prochaine des vols de nuit et des jets privés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les nuisances sonores. « Si c'est possible à Amsterdam qui est un aéroport similaire à Roissy, ça doit l'être aussi en France », argumente Catherine Bouvier, présidente de l’association de défense des riverains de Roissy et le Bourget.  

Mais Aéroports de Paris ne semble pas prêt à suivre la voie de la décroissance comme son voisin néerlandais et préfère mettre l’accent sur les mesures déjà existantes, pointant notamment les avancées technologiques des nouveaux appareils.  « Le bruit est 30% plus faible aujourd'hui qu'il y a 15 ans, malgré la hausse du trafic », assure l’opérateur par mail.

Des améliorations pas si notables que ça selon Bruitparif. « Sur l’ensemble de notre parc, on n’a pas observé une baissse significative du niveau de bruit ces dix dernières années », constate Matthieu Sineau, chef de projet bruit de transports.

 

Deux fois plus de vols de nuit à Roissy qu’à Heathrow

Pour les associations, la capitale française prend du retard par rapport aux autres grands aéroports européens, notamment sur les vols de nuit. « La situation est beaucoup plus dégradée à Paris. En 2019, on a enregistré 31 185 vols de nuit à Heathrow à Londres, 29 870  à Amsterdam et 62 339 à Roissy », observe Dominique Lazarski, présidente de l’UECNA, l’association européenne contre les nuisances aériennes. Il s'agit essentiellement de fret.  A Francfort, les vols de nuit sont interdits depuis 2012.  « Ce sont précisement ces avions qui sont le plus nuisibles pour la santé », assure Dominique Lazarski. 

 

Des actions en France et en Europe

A l’instar de Paris, d’autres villes européennes comme Athènes ou Bruxelles se mobilisent contre les nuisances aériennes depuis le 20 avril.

En France, les associations prévoient d’autres manifestations jusqu'au 14 mai. « Il y a trop d’avions pour se faire entendre, mais cette fois-ci le message passera !», promet Eugénie Ponthier.

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