France 3 Paris Île-de-France a interrogé le professeur Amine Benyamina, psychiatre-addictologue au sein de l’hôpital Paul Brousse (AP-HP), à Villejuif (Val-de-Marne) sur les effets du gaz hilarant.
Le professeur Amine Benyamina est psychiatre-addictologue au sein de l’hôpital Paul Brousse (AP-HP), à Villejuif (Val-de-Marne).
Quel est l’usage originel du protoxyde d’azote ?
Originellement, en pratique médicale, ce gaz hilarant est utilisé en anesthésiologie, en prémédication. Ce sont essentiellement les spécialistes qui l’utilisent. On également en trouver dans les domaines de la pâtisserie et de la mécanique automobile (les tubes d'aciers qui en contiennent s'achètent facilement à la vente dans les grandes surfaces. Il est utilisé en cuisine pour les siphons de chantilly, ndlr).
Quels sont les dangers à forte dose ?
A forte dose et de façon répétée, il y a des risques d’arrêt cardiaque ou encore de crises d’épilepsie. En forme aigüe, il y a des problématiques qui peuvent intervenir sur le plan neurologique — puisque c’est une substance neurotoxique. L’utilisation à forte dose et de façon répétée peut également entraîner un phénomène d’anxiété chez la personne. Le protoxyde d'azote peut parfois entraîner de la confusion, mais cela dépend de la personne et de la possibilité de consommation d'autres substances associées.
Le protoxyde d'azote est-il listé comme stupéfiant ?
Non. C’est un produit qui est détourné. Il le deviendra probablement à un moment ou à un autre si on continue à faire des recueils de données dans ce sens.
Le gaz hilarant a-t-il un effet d’accoutumance au même titre - par exemple - que la cigarette ?
On retrouve quelques symptômes un peu addictifs, faibles, mais existant, chez les consommateurs réguliers. Les mécanismes qui provoquent cette addiction demeure à l’heure actuelle assez obscur. Mais on se rend compte que certains prennent goût au produit et renouvellent l’expérience. C’est encore une piste de recherche.
Interview réalisée le 23 septembre 2021.