La Région a annoncé, ce jeudi, la création d’une cinquantaine de lignes de cars express d’ici 2030 afin de relier les villes de banlieues entre elles. L’objectif est aussi de proposer une alternative à la voiture aux habitants de petite et grande couronnes.
Comment relier efficacement et rapidement les villes de grande couronne entre elles par les transports en commun ? Pour Île-de-France Mobilités et la Région, la réponse réside dans un réseau de cars express. 45 nouvelles lignes de cars seront créées d’ici 2030 et 9 lignes déjà existantes seront renforcées. Les Franciliens pourront emprunter ces premiers cars express dès la fin d’année prochaine, juste après les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Des "RER sur route"
Ce projet a été piloté par François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne. Sur son territoire, la majorité des déplacements se font en voiture, "mais c’est aussi le cas dans les autres départements de grande couronne" ,précise-t-il. "Environ 500 000 Franciliens font plus de 50 kilomètres chaque jour, entre leur domicile et leur lieu de travail. Nous voulons donc leur proposer une alternative moins coûteuse et plus écologique", indique-t-il.
Selon Valérie Pécresse, présidente de Région, ces cars seront "des RER sur route". Elle promet ainsi des véhicules "plus confortables, qui circulent sur des voies dédiées, avec très peu d'arrêts". Parmi ces futures liaisons avec des voies réservées sur autoroute, il y aura par exemple une ligne reliant Fontainebleau et Evry via l’A6, Argenteuil et Roissy via l'A1 ou encore, Maule et le pôle du Pont de Sèvres via l’A13.
200 autocars, plusieurs centaines de conducteurs à recruter
Pour les associations d’usagers, cette annonce est une bonne nouvelle. Même s’il reste quelques aspects "difficiles" selon Bernard Gobitz, vice-président de la Fnaut en Île-de-France (Fédération nationale des associations d’usagers des transports) et représentant des usagers auprès d’Île-de-France Mobilités. À commencer par le recrutement de conducteurs.
"Pour ce plan, 200 autocars seront acquis et intégreront le réseau. C’est positif. Mais cela signifie aussi que plusieurs centaines de conducteurs devront être formés et recrutés, et ce dès 2024-2025 pour la mise en service des premières lignes, détaille-t-il. Ça nous inquiète un peu, car on sait que le problème se présente déjà pour les JO et qu’il n’est pas encore résolu." De leur côté, les transporteurs se montrent confiants et optimistes quant aux recrutements futurs, assure François Durovray.
Autre défi à relever, celui de l’aménagement de pôles d’échanges multimodaux routiers sur plusieurs territoires. Plus simplement, 38 gares routières seront construites. "Nous demandons des pôles confortables, couverts, lumineux… Aménagés pour faciliter la vie des usagers. Mais surtout, pour que ces cars express soient fiables et attractifs, nous espérons que les gares routières seront bien reliées au reste du réseau et que les correspondances se feront le plus aisément possible, indique Bernard Gobitz. Il faudra discuter avec les élus locaux pour que ces gares routières soient proches des gares ferroviaires par exemple."
28 nouvelles sections de voies dédiées
Enfin, les voies dédiées sur autoroutes seront en partie un héritage des JO, mais 28 nouveaux tronçons devront être aménagés d’ici 2030. François Durovray l’admet, "la mise en œuvre sera compliquée mais absolument pas impossible. Il serait difficile d’enlever une voie de circulation aux voitures pour la réserver aux bus. Il serait difficile d’en construire de toutes pièces car c’est long, coûteux et l’artificialisation des sols n’est pas souhaitable. Mais ces voies réservées seront nécessaires pour améliorer la qualité de service."
Il précise d’ailleurs que pour les cars express, seulement 10% de tronçons seront réservés. Sur la ligne reliant Fontainebleau à Evry, il n’y aura que 4 kilomètres de voies bus par exemple. Une solution envisageable pour le président du Conseil départemental de l’Essonne serait celle des bandes d’arrêt d’urgence. "Cela fonctionne très bien à Marseille. C’est évidemment sujet à débat et à discussions. Mais je suis favorable à une expérimentation dans notre région pour que certains cars puissent emprunter ces bandes", explique-t-il.
L’investissement financier sera conséquent pour mettre en route et pérenniser le réseau de cars express. 70 millions d’euros serviront à créer le réseau et acquérir le matériel roulant. L’exploitation des lignes coûtera 70 millions d’euros chaque année pour Ile-de-France Mobilités. Et 150 à 250 millions d’euros seront investis pour les aménagements routiers et des pôles multimodaux.
Une clause de revoyure a été intégrée à ce schéma directeur et permettra, si besoin et tous les deux ans, d’adapter ce réseau de cars express en grande couronne aux autres défis qui pourront se présenter.