Le Premier ministre accompagné d'une douzaine de membres du gouvernement a présenté ce matin une cinquantaine de mesures pour lutter contre les violences conjugales. Il clôt la concertation lancée début septembre.
Edouard Philippe a dressé une liste d'une cinquantaine de mesures en clôture du Grenelle des violences conjugales lancé le 3 septembre. Elles concernent la protection et la prise en charge des victimes, la prise en charge des auteurs de violences, le renforcement de la réponse pénale, la suppression de certaines "absurdités juridiques".
Objectif pour le gouvernement: "mettre fin à des dysfonctionnements dont nous n'avons pas jusqu'à aujourd'hui voulu prendre conscience".
Voici les principales mesures du plan de lutte
►Faciliter la suspension ou la déchéance de l'autorité parentale du père agresseur en cas d'homicide conjugal.►Mettre en en place une formation "obligatoire" sur l'égalité entre les filles et les garçons à destination des enseignants.
►Assouplir le secret médical pour permettre aux professionnels de santé de signaler plus facilement des faits de violences
►Inscrire dans la loi de l'"emprise" psychologique.
►Créer et cofinancer à 50%, dans chaque région, deux centres de prise en charge psychologique des hommes auteurs de violences conjugales, afin de faire baisser la récidive.
►La ligne d'écoute dédiée aux victimes de violences conjugales, le 3919, fonctionnera désormais "24 heures/24 et 7 jours sur 7".
►Mieux définir dans notre droit ce que recouvre le terme de violences", en créant une "nouvelle circonstance aggravante pour les auteurs de violences dans le cas de harcèlement ayant conduit au suicide".
►Création, d'ici 2021, de 80 postes supplémentaires d'intervenants sociaux dans les commissariats et gendarmeries, chargés d'accueillir les femmes victimes de violences. Actuellement, ces professionnels sont au nombre de 271.
►Mise en place, dès 2020, d'un millier de bracelets anti-rapprochement, qui permettent de maintenir à distance les conjoints et ex-conjoints violents. Une proposition de loi en ce sens a déjà été adoptée par les députés
Contre les violences conjugales, notre société a besoin d’un électrochoc.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) November 25, 2019
Nos mesures s’organisent autour de trois axes : éducation, protection des victimes et de leurs enfants, suivi et prise en charge des auteurs des violences. #GrenelleViolencesConjugales https://t.co/fAjglk73vH
Certaines de ces mesures seront inscrites dans une proposition de loi que porteront deux députés LREM en janvier 2020.
Le gouvernement a indiqué que l'ensemble du plan bénéficierait de "financements massifs", confirmant le chiffre de 360 millions d'euros dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes
Une dizaine de mesures avaient été annoncées dès l'ouverture du Grenelle, le 3 septembre, dont la création de 1.000 nouvelles places d'hébergement et de logement d'urgence pour les femmes victimes ou la généralisation du dépôt de plainte à l'hôpital. Figuraient également dans cette première liste l'identification de "procureurs référents spécialisés" dans tous les tribunaux, et la création d'une "grille d'évaluation" devant permettre aux forces de l'ordre de mieux estimer le danger encouru par les femmes qui se présentent au commissariat ou à la gendarmerie. Les députés ont par ailleurs adopté mi-octobre une proposition de loi visant à mettre en place, dès début 2020, le bracelet anti-rapprochement, qui permet de maintenir à distance les conjoints et ex-conjoints violents.
La féministe Caroline de Haas du collectif #NousToutes a réagi à l'annonce du plan.
Depuis le début de l'année 2019, au moins 117 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte et une étude au cas par cas menés par l'AFP. Quelque 213.000 femmes majeures sont victimes chaque année de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, selon les dernières données officielles.Le Premier ministre annonce qu'il reconduit quasiment à l'identique pour 2020 le budget alloué aux violences en 2019.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) November 25, 2019
Ils ne changent pas les politiques publiques. Les chiffres des violences ne baisseront pas.
Je suis dégoutée.https://t.co/BwEbB24zri
A voir notre reportage
Tania Wattine et Louise Simmondet sont allées au commissariat de Sarcelles dans le Val-d-Oise. Ici, policiers, assistante sociale, et un psychologue tentent d'accompagner au mieux les victimes de violences conjugales.