Trois jours après la mort d'un collégien de 13 ans, quatre adolescents âgés de 15 à 16 ans ont été mis en examen et placés en détention dans la nuit de mercredi à jeudi, soupçonnés d'avoir commis aux Lilas des violences ayant entraîné son décès.
Un cinquième jeune, âgé de 17 ans, a été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté, a par ailleurs indiqué le parquet de Bobigny.
Contrairement à ce que des sources policières avaient affirmé dans un premier temps, l'adolescent originaire de la ville voisine de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, n'aurait pas été frappé à coups de barres de fer.
Il aurait reçu "un coup de pied" alors qu'il se trouvait au sol, après une altercation avec un groupe armé de bâtons, de barres de fer et d'un pistolet de paintball, selon une source proche de l'enquête.
Selon l'autopsie, ce jeune homme est décédé d'un "oedème pulmonaire massif ayant provoqué un arrêt cardiaque", après qu'il a eu deux malaises. Le jeune homme avait antérieurement "connu des alertes d'ordre cardiaque".
"Une bande de gamins qui se chicanent et s'en prennent à un gamin qui a une faiblesse et en meurt, voilà le scénario tragique qui se dessine", a indiqué à l'AFP une seconde source proche de l'enquête.
Selon la chronologie des faits retracée par le parquet à l'aide de témoignages et de la vidéosurveillance, l'adolescent a d'abord été victime d'un malaise après une première altercation "sans contact physique" avec des jeunes, selon une autre source proche.
Selon cette même source, deux groupes d'adolescents venus de plusieurs communes limitrophes (Le Pré-Saint-Gervais, Romainville, Les Lilas, Bagnolet) se seraient donné rendez-vous via l'application Snapchat "pour en découdre". Le groupe rival de celui de la victime aurait alors "tiré avec une arme de paintball", provoquant leur fuite. L'adolescent serait alors tombé une première fois au sol.
"Ses amis sont revenus et ont vu quatre personnes autour de lui", a poursuivi cette source. Ce sont ces quatre jeunes, connus de la police pour des faits de vol, violences ou stupéfiants, qui ont été mis en examen et placés en détention.
"Motifs futiles"
Le jeune homme placé sous le statut de témoin assisté conduisait un scooter sur lequel la victime a ensuite été hissée, avant de chuter de nouveau.C'est à ce moment qu'il aurait alors été "victime de violences aggravées", selon le parquet.
"Bien qu'ayant du mal à s'exprimer", le collégien avait pu indiquer aux policiers arrivés sur place quelques minutes plus tard "avoir été agressé", avait indiqué le parquet.
En arrêt cardio-respiratoire à son arrivée à l'hôpital samedi soir, l'adolescent est décédé dimanche après-midi. Aucun "hématome" ni "fracture palpable" n'avaient été constatés par les médecins.
Mardi, le nouveau ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait choisi de se rendre aux Lilas pour son premier déplacement officiel. "Un jeune homme est mort et c'est insupportable", avait-il déclaré, estimant qu'il fallait que "toute la transparence soit faite" sur cet '"événement extrêmement grave", lié selon lui "à des rivalités des bandes".
"La banalisation de cette violence" est "insupportable", avait-il ajouté en pointant du doigt "un phénomène nouveau", "celui de la mise en cause de l'autorité".
"Ce genre de violences, avec des individus parfois très jeunes, n'est hélas pas nouveau mais reste dramatique", avait relevé un policier connaisseur de la Seine-Saint-Denis après les faits. "Ces violences ont souvent des motifs extrêmement futiles", avait-il ajouté.