Ce jeudi le Premier ministre a dévoilé les modalités du couvre-feu annoncé hier soir par le président de la République. L'interdiction de sortie entre 21h et 6h sera instaurée à partir de samedi dans toute la région pendant une durée minimum de quatre semaines.
Couvre-feu entre 21 heures et 6 heures en Ile-de-France, et ce à compter de ce samedi, date à laquelle entrera en vigueur l’état d’urgence sanitaire. Telle a été la principale annonce pour la région mercredi 14 octobre lors de l'allocation télévisée d'Emmanuel Macron.
Concrètement dès samedi à minuit et jusqu’à 6 heures il sera interdit d’être dans les rues. La résurgence de l'épidémie "justifie que l'état d'urgence sanitaire soit déclaré afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu puissent être prises", peut-on par ailleurs lire dans le décret examiné en Conseil des ministres ce mercredi.
Ce jeudi le Premier ministre a détaillé lors d'un point presse, les modalités d'application de ce couvre-feu. Celui-ci durera quatre semaines. Cette durée devrait passer à six semaines, jusqu'au 1er décembre, à la suite d’un vote du Parlement. "La deuxième vague de l'épidemie est arrivée", a annoncé Jean Castex. A Paris, 46% des lits de réanimation sont occupés par des patients atteints du Covid-19, affirme le Premier ministre.
► Devra t-on être chez soi à 21 heures précises ?
Oui. L’ensemble des établissements publics : restaurants, théâtres, cinémas, salles de spectacles devront fermer leurs portes à 21 heures. Les franciliens devront anticiper leur temps de trajet afin de regagner leur domicile à 21 heures. "Si vous habitez à côté du restaurant, vous pouvez sortir à 21 heures et être chez vous. Si vous avez une demi-heure de transport, vous allez vous organiser pour le quitter à 20h30", a expliqué le chef de l’Etat."Il s'agit de règles à appliquer avec bon sens", a martelé Jean Castex. L'objectif est de "reduire les interactions dans la sphère privée. Nous devons réduire le nombre de personnes que nous rencontrons dans un cercle convivial chez soi, au restaurant".
► Y aura-t-il des exceptions ?
Oui. Les personnes travaillant la nuit pourront se déplacer pendant les heures durant lesquelles le couvre-feu sera en vigueur. En cas d’urgence, il sera également possible de sortir : "Evidemment, pour toutes celles qui rentrent du travail après 21 heures, ou qui travaillent de nuit et qui travaillent plus tard, il y aura une autorisation. Pour celles et ceux qui ont des urgences, par exemple sanitaires, il y aura des autorisations. On va définir les cas de bon sens qui permettront de circuler."Ce jeudi le Premier ministre a présenté les cinq situations qui constituent les exceptions :
• pour des raisons de santé (pour aller à l'hôpital ou aller acheter des médicaments dans une pharmacie de garde, par exemple) ;
• pour des raisons professionnelles, si vous travaillez de nuit ou que vos horaires travail ne vous permettent pas d'être chez vous à 21 heures ;
• pour un train ou un avion qui arrive ou part après 21 heures, billet à l'appui ;
• pour vous rendre auprès d'un proche en situation de dépendance ;
• pour sortir votre animal de compagnie près de chez vous.
► Y aura-t-il une nouvelle attestation ?
Oui. Jean Castex et Gérald Darmanin ont présenté la nouvelle attestation qui sera disponible sur le site du gouvernement, tout comme sur le site du ministère de l'Intérieur, et par téléphone en appelant le 0 800 130 000. Comme lors du confinement ce document pourra être téléchargé sur le téléphone portable, il aura une validité d'une heure. Exception faite pour les déplacements pour motifs professionnels."L'attestation vaut une heure lorsqu'il s'agit de déplcements qui n'auraient pas de lien avec le travail"
Les franciliens travaillant de nuit devront, en cas de contrôle, présenter leur attestation de déplacement, en ayant coché le motif professionnel, ainsi qu'un justificatif délivré par l'employeur ou une carte professionnelle.
► Les transports en commun pourront-ils circuler ?
Oui. Les transports en commun continueront à assurer leur service afin de permettre aux travailleurs de nuit de se rendre sur leur lieu d’activité, a réitéré le chef du gouvernement. "L'objectif, c'est de pouvoir continuer à avoir une vie économique, à fonctionner, à travailler à ce que les écoles, les universités soient ouvertes et fonctionnent, à ce que nos concitoyens puissent travailler normalement, à ce qu'il puisse y avoir évidemment une vie sociale, mais en réduire les aspérités", avait précisé le chef de l’Etat.Ce jeudi, Valérie Pécresse a confirmé que les métros, RER, Transiliens et bus continueraient à circuler comme à l'ordinaire. "Nous allons évidemment maintenir tous les transports ouverts parce que, malgré le couvre-feu, il y aura évidemment beaucoup de personnes qui vont se rendre au travail, qui travaillent la nuit en horaires décalés, ne serait-ce que le personnel soignant", a annoncé la président de la Région Ile-de-France au micro de RTL.
► Quelles amendes en cas de non-respect des règles ?
Des contrôles seront assurés par les forces de l’ordre entre 21 heures et 6 heures afin de garantir de respect du couvre-feu. Les contrevenants risquent une amende de 135 €. En cas de trois récidives d'infraction, l'amende pourrait passer à "3 750 euros et six mois d'emprisonnement", a ajouté le locataire de la place Beauvau. 12 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans les zones où le couvre-feu sera en vigeur. A ceux-là s'ajouteront les agents qui travaillent la nuit et les agents municipaux.► Cette mesure est-elle efficace ?
Peu de données sont disponibles sur le sujet, mais d'après Emmanuel Macron, la mesure a porté ses fruits notemment en Guyane. Selon une étude prépubliée lundi, à laquelle l'Institut Pasteur a contribué, et que Libération a relayée, le couvre-feu a permis de réduire de 36% le taux de transmission du virus. "Du fait du couvre-feu, nous avons bénéficié d'une réduction de moitié du pic d'hospitalisations en réanimation", a ainsi expliqué Clara de Bort, directrice de l'Agence régionale de santé de Guyane, sur franceinfo.L'objectif est de faire en sorte que "les 20 000 nouveaux cas par jour" reviennent à "3 000 cas, 5 000 cas par jour", et que les patients atteints du Covid-19 ne représentent plus que "10% à 15%" des places en réanimation, contre "32%" aujourd'hui, a détaillé le Président de la République.
Par ailleurs, si d'ici à deux semaines le couvre-feu ne commence pas à porter ses fruits dans les zones concernées, des clauses de revoyure pourront être envisagées, a appris auprès de l'exécutif le service politique de France Télévisions, mercredi soir. Dans ce cas, un couvre-feu avancé à 20h, voire 19h pourrait être instauré.