Emmenés par le metteur en scène Olivier Fredj, six détenus de la prison de Meaux-Chauconin en Seine-et-Marne et deux anciens détenus montent sur les planches du Théâtre du Châtelet. Deux représentations sont prévues les 4 et 6 septembre. Un pas de plus vers la réinsertion.
Ici plus de barreaux ni de barrière, le temps d’un spectacle, face au public, c’est un peu de liberté retrouvée et surtout de la créativité. Entourés par les comédiens professionnels de la compagnie Paradox Palace, ils sont neuf à être passés par le centre pénitentiaire de Meaux. Six personnes sont toujours incarcérées, deux autres sont d’anciens détenus.
Sous la direction d’Olivier Fredj, ils jouent le spectacle intitulé « Watch », une réflexion sur le temps. Le metteur en scène veut "faire de l'angoisse du temps une fête." Un thème qui résonne lorsque les heures s'étirent entre les quatre murs d’une cellule. Les détenus ont participé à l’écriture des textes. Mais les mots d’autres personnes sont également lus, écrits par des patients de La Pitié-Salpêtrière (XIIIe), des pensionnaires de maisons de retraite du centre d’action sociale de la Ville de Paris, des élèves de CE1 de l’école Jeanne-d’Arc à Paris(XIIIe) et des personnes accueillies au centre d’hébergement d’urgence Popincourt (XIe). Car pour eux aussi le temps s’est arrêté et fragmenté.
Ils jouent sur la musique de Schubert interprétée par des musiciens professionnels. Les répétitions ont eu lieu au mois d’août avant les deux représentations prévues, l'une ce dimanche après-midi et l'autre programmée mardi.
C'est le début de la liberté avant même d'être sorti
Nadir, ancien détenu de la prison de Meaux
Nadir est sorti de prison il y a un an et pour lui cette expérience fut une bouffée d'oxygène : "C’est le début de la liberté avant même d’être sorti. C’est travailler l’imaginaire, c’est pouvoir faire et aller où on veut sans s’en même devoir bouger, sans avoir décor."
Alors quand on évoque la polémique sur la course de karts qui a eu lieu à la prison de Fresnes, il répond calmement : "On doit savoir ce qu’on veut pour ces détenus. En faisant des activités ce n’est pas une fleur, ce n’est pas un cadeau qu’on leur fait, ce n’est pas une récompense, c’est plutôt une clé pour les préparer à l’après et les préparer à revenir dans la société."
Il y a très vite une différence qui s'impose : c'est l'enthousiasme
Olivier Fredj, metteur en scène
Préparer ce spectacle fut un long travail. Pour Olivier Fredj, le metteur en scène apprécie de diriger ces apprentis comédiens : "Il y a très vite une différence qui s’impose c’est l’enthousiasme. Un enthousiasme des egos qui sont posés de côté, qui sont parfois abîmés et qui s’engagent en tant que collectif. C’est un engagement pour faire société."
Des recruteurs dans le public
Une première édition de ce spectacle avait déjà eu lieu en septembre 2019 au centre culturel MC93 de Bobigny en Seine-Saint-Denis. Sur scène des détenus endossaient le métier de comédien pour quelques heures.
Cette fois des recruteurs seront dans le public. Le groupe Accor Hotel Arena, partenaire, pourra ainsi proposer des entretiens d’embauche à l’issue des représentations. Des projets menés sous l’impulsion d’Irène Muscari, coordinatrice culturelle du Service pénitentiaire d’insertion et de probation. La culture est une étape sur le chemin de la réinsertion de ces prisonniers qui, un jour, recouvriront leur liberté.