"Il y a un effondrement du climat scolaire" : un lycée d’Évry-Courcouronnes en grève face au "manque de moyens"

Les enseignants et personnels grévistes du lycée Georges Brassens demandent des moyens humains et financiers pour faire face à la hausse du nombre d’élèves. Ils déplorent aussi la dégradation du "climat scolaire" au sein de l’établissement, avec un "proviseur menacé".

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"Pas de moyens", "abandon et mépris", "proviseur menacé"... Alors qu’un mouvement de grève a débuté jeudi au sein du lycée Georges Brassens à Évry-Courcouronnes, en Essonne, les enseignants et personnels mobilisés alerte sur une "vie scolaire" et une "administration débordées", peut-on lire dans un communiqué commun du SNES-FSU, de la CGT et FO.

"Notre établissement accueille des élèves défavorisés, c’est un public fragile socialement. Depuis quatre ans, les effectifs ont augmenté de 400 élèves pour atteindre un total de 1400 lycéens. Malgré cette hausse, nos moyens humains sont restés les mêmes. Avec un proviseur et une adjointe, l’encadrement a une charge de travail extrême. Pareil pour le nombre de surveillants, qui n’a quasiment pas augmenté, avec moins de 10 personnes. C’est très insuffisant. Le personnel est en souffrance", explique une enseignante, qui s’exprime de manière anonyme au nom des grévistes.

Elle déplore aussi "un manque de moyens pour le bâti". "La hausse des effectifs d'élèves ne sort pas de nulle part. Elle est liée à une décision de la présidente de la Région Valérie Pécresse, qui avait pour projet d’agrandir les lycées face à la hausse démographique. Avec la construction d’un nouveau bâtiment, notre établissement devait être en capacité d’accueillir jusqu’à 1 600 élèves. Mais c’est impossible", raconte l’enseignante.

"D’un côté, les vieux bâtiments sont vétustes et parfois dangereux en termes de normes de sécurité. C’est dans un état de délabrement. Il y a des problèmes d’amiante, de chauffage, ou encore de remontées de canalisation dans une section, ça sent l’urine. Il y a des trous dans les fenêtres. Certaines parties n’ont pas été rénovées depuis 40 ans. De l’autre côté, le nouveau bâtiment n’aurait jamais dû ouvrir. Il y a des malfaçons en pagaille, les travaux ne sont pas finis. Le chauffage souffle du froid, les élèves sont en manteaux dans les classes. Et la Région fait la morte", pointe du doigt l’enseignante.

"Il y a un effondrement du climat scolaire", déplore-t-elle aussi. "Après avoir reçu des menaces de mort, avec des affiches placardées dans l’établissement, le proviseur a dû renoncer à sa fonction. Il s’est retrouvé sous protection policière ? L’ensemble du personnel est solidaire. On devrait ainsi avoir un cinquième proviseur en deux ans, c’est du jamais-vu", raconte l’enseignante.

"Les élèves se sentent méprisés, du coup il y a des dégradations. Il n’y a pas assez de surveillants dans les couloirs. Et on ne peut pas créer de liens avec des classes surchargées. Donc ça se traduit par une montée des tensions et des incivilités. La situation est terrible", ajoute-t-elle.

"On se sent abandonné"

"Pour prendre en compte la hausse du nombre d’élèves", l’enseignante liste les revendications des grévistes : "On demande le recrutement de cinq surveillants, un poste de CPE supplémentaire, un remplacement immédiat des agents en arrêt. On n’a plus de chef d’établissement, c’est urgent. Et à moyen terme, il faut un deuxième proviseur adjoint. On demande aussi plus de moyens financiers pour avoir des effectifs moins importants par classe, et remettre en place l’accompagnement personnalisé et des classes dédoublées afin de travailler en petits groupes", résume-t-elle.

Les enseignants et personnels mobilisés demandent par ailleurs de "rénover les vieux bâtiments" et "finir les travaux pour le bâtiment neuf". "Nos élèves ne sont pas des lignes statistiques ou des tableaux budgétaires, ils méritent mieux que ça. Nous avons été reçus jeudi par les services du rectorat mais on se sent abandonné. On veut reprendre le travail mais pas à n’importe quelles conditions", explique l’enseignante.

Le mouvement de grève a reçu le soutien de Farida Amrani, député LFI de la première circonscription de l'Essonne. L’élue raconte être venue sur place ce vendredi matin : "Les enseignants ont des revendications précises mais n’ont pas été entendus. Il faut assurer la continuité du service public. J’alerte depuis des années sur la situation de notre département, qui est jeune et attractif. La population démographique augmente. Il aurait fallu anticiper cette courbe avec plus de moyens."

Contactée, l’Académie de Versailles répond que "la DSDEN (Direction des services départementaux de l'Éducation nationale) de l’Essonne est à l’écoute des demandes de la part des enseignants et suit de près la situation au lycée Brassens, en coordination avec le rectorat". "Le dialogue social avec les personnels est constant", affirme-t-elle.

Alors qu’une nouvelle audience a eu lieu ce vendredi, l’Académie annonce qu’"un nouveau proviseur", qui "était déjà en appui depuis deux semaines auprès de l’équipe de direction du lycée", "sera en poste dès lundi 2 décembre". Et d’ajouter : "Des solutions de remplacement sont actuellement étudiées pour les postes de CPE. Un renfort prochain de l’équipe de vie scolaire est à l’étude."

De son côté, la Région Île-de-France n’a pas répondu à nos questions.

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