Jean-Pierre Bechter, ancien maire LR de Corbeil-Essonnes et ex-bras droit de Serge Dassault, a été condamné ce jeudi 17 décembre à deux ans de prison ferme pour achat de votes et financement illégal de campagne électorale, lors des élections municipales de 2009 et 2010.
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné l'ancien bras droit de Serge Dassault, deux ex-adjoints à la mairie de Corbeil-Essonnes et trois hommes considérés comme des intermédiaires du système de corruption électorale à des peines allant de un à deux ans de prison. Tous sont par ailleurs condamnés à 5 ans d'inéligibilité.
Jean-Pierre Bechter maire de la ville pendant 10 ans, condamné à deux ans ferme, effectuera sa peine à domicile sous surveillance électronique.
Voix aux élections contre argent, logement, formation ou permis de conduire
Jean-Pierre Bechter et deux autres ex-adjoints à la mairie étaient poursuivis pour avoir participé, à différents niveaux, à un système de corruption électorale pyramidal consistant à recruter des équipes dans les quartiers afin de convaincre les habitants d'aller voter pour le camp Dassault. Le tout alimenté par la fortune colossale de l'ancien industriel Serge Dassault, dans le but de conserver cette ville de 50.000 habitants
"Les faits sont d'une particulière gravité s'agissant d'atteintes aux règles de la démocratie. Ils sont de nature à fortement dégrader la confiance des citoyens envers leurs élus et, au-delà, à discréditer le fonctionnement de la démocratie", a déclaré dans son jugement la présidente du tribunal. Jean-Pierre Bechter, 76 ans, tête de liste en 2009 et 2010, était le "principal bénéficiaire du système Dassault", a souligné la présidente, parlant d'un homme qui n'était à l'époque qu'un "maire de paille" ayant pris le relais de Serge Dassault. Ce dernier est décédé en 2018 à 93 ans, avant la fin de l'instruction.
Jacques Lebigre, 79 ans, ancien adjoint de cette mairie, a été condamné à 2 ans de prison ferme et d'une amende de 15.000 euros. Son avocat a indiqué qu'il allait interjeter appel.
L'ex-adjointe au Logement Christella de Oliveira, 42 ans, qui n'était pas poursuivie pour avoir rémunéré des militants, a été condamnée à 18 mois de prison dont 6 mois avec sursis.
Younès Bounouara, considéré comme un intermédiaire dans ce système, 48 ans, a été condamné à 2 ans de prison. Le tribunal a refusé de prononcer une confusion de peine avec celle à laquelle il a été condamné en appel en 2018 pour une tentative d'assassinat liée à ces soupçons d'achat de votes.
Machiré Gassama, 43 ans, ancien directeur Jeunesse et sports à la mairie, s'est vu, de son côté, infliger un an de prison, pour avoir été une cheville ouvrière de ce système, comme Mounir Labidi, un ancien agent municipal de 36 ans absent au procès, qui a été condamné à 2 ans de prison ferme.
L'avocat de Jean-Pierre Bechter, Sébastien Schapira, a indiqué que son client allait faire appel.