"Le plus difficile, c'est la charge mentale" : une commune de l'Essonne crée le statut de parents isolés

La commune de Ris-Orangis a adopté en mai dernier un statut local en faveur des familles monoparentales. Ces mesures spécifiques visent à aider les parents isolés dans le domaine du logement, de l'insertion professionnelle, du quotidien familial ou encore de la santé.

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Dur dur d'être un parent. Et plus encore d'être un parent solo. En France, la part des familles monoparentales est passée de moins de 10% en 1975 à 25% en 2019. Une situation souvent synonyme de vulnérabilité. Pour le parent célibataire, selon des études, est plus susceptible d'être isolé socialement, d'être en précarité financière ou encore d'être au chômage. 

Face à ce constat, la ville de Ris-Orangis (Essonne) a décidé de se mobiliser en créant un statut local en faveur des parents solo. Au total, ce sont 21 mesures spécifiques qui vont être mises en place pour mieux accompagner et aider ces familles monoparentales, qui représentent 30% des familles avec enfants de cette commune de 28 000 habitants. Parmi elles, 1/3 vivent sous le seuil de pauvreté. 

Santé, emploi et temps pour soi

"Parmi nos mesures, il y a la création d'un point d'accueil permanent en mairie pour ces parents. Notre dispositif vise également les domaines de la santé et de l'insertion professionnelle", explique le maire (PS) Stéphane Rafalli.

Pour les personnes allophones, des cours de français vont être mis en place. "Nous voulions également mettre à l'honneur le droit au répit, détaille l'édile. En permettant aux parents solos de pouvoir participer à des ateliers de couture, de dessin, de danse. Pendant que ses enfants seraient eux aussi en train de faire des activités des enfants de leur âge."

Autant de nouveaux dispositifs qui sonnent comme une bonne nouvelle pour cette Rissoise, veuve et mère de trois ans : "Ce nouveau statut local me semble intéressant car au quotidien ce qu'il y a de plus difficile c'est la charge mentale. Il faut tout faire tout seul, sans avoir aucune aide et sans se plaindre car les enfants n'ont rien demandé. Il faut assumer ses responsabilités parentales."

Pour cette maman de trois adolescents, le décès de son mari a tout bouleversé : "On est en haut de l'échelle et d'un coup on descend très bas. Ça n'a pas été facile à gérer, alors avoir de l'aide pour la cantine ou simplement avoir quelqu'un pour nous écouter c'est très bien."

D'autres mesures comme le fait de retirer le montant de la pension alimentaire du calcul du quotient familial pour le règlement de la restauration scolaire ou encore la création d'un bâtiment de 40 logements spécialement dédiés aux parents célibataires devraient voir le jour prochainement. Des mesures dont le budget n'est pas encore connu, bien qu'un "manque à gagner" soit probable pour la ville.

Un statut "interpellatif"

Cette réflexion autour de la monoparentalité a émergé notamment après les émeutes de l'été dernier, survenues à la suite de la mort du jeune Nahel à Nanterre. "Il fallait réfléchir sur les causes profondes de ces mouvements sociaux très violents", raconte le maire. Très vite les spécialistes ont mis en lumière la situation sociale des familles monoparentales, souvent plus nombreuses et précaires et qui posent la question de l'absence du père et d'un cadre familial stable."

Mais pour le maire et également vice-président de l'agglomération Grand Paris Sud, ce statut local est avant tout "interpellatif" et des mesures doivent être prises au niveau national. Il milite notamment pour la création d'un statut national universel de la famille monoparentale et prône la défiscalisation de la pension alimentaire.

Quand la cellule familiale a des fragilités, alors c'est au collectif de prendre le relais et c'est aux politiques publiques de venir en solidarité.

Stéphane Rafalli, maire de Ris-Orangis.

Il préconise également le versement des allocations familiales dès le premier enfant ou encore la mise en place d'une carte de réduction pour favoriser l'accès aux loisirs, à la culture et au sport. "Quand la cellule familiale a des fragilités, alors c'est au collectif de prendre le relais et c'est aux politiques publiques de venir en solidarité", argue le maire socialiste. 

En avril dernier, une proposition de loi a été faite à l'Assemblée nationale pour aider les familles monoparentales. De potentielles futures lois dont "l’enjeu est de garantir à ces parents et à leurs enfants une protection accrue contre la précarité sociale et monétaire qu’ils subissent, l’un et l’autre étant indissociables", indique la proposition. La dissolution de l'Assemblée nationale a toutefois mis un coup d'arrêt provisoire à tous les travaux parlementaires en cours. 

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